Christophe André sur Christian Bobin: « Le poète est parti mais l’ange est là »

L'écrivain et poète Christian Bobin, en 2011.  - Credit:Ulf Andersen/Aurimages via AFP
L'écrivain et poète Christian Bobin, en 2011. - Credit:Ulf Andersen/Aurimages via AFP

Sa disparition, à l'âge de 71 ans, a provoqué une immense émotion dans notre drôle de pays qui aime tant, au fond, les poètes… Christian Bobin était pourtant complètement à rebours de notre époque, indifférent aux mirages de la notoriété, adepte de la parole rare, se tenant le plus loin possible de l'infernal manège numérique où nous perdons tous pied. Mais ceux qui l'ont connu, ceux qui ont eu la chance de recevoir l'une de ses lettres à la belle écriture enveloppante savent que Christian Bobin était tout sauf le misanthrope doucereux que l'on a parfois voulu faire de lui. Il aimait les échanges avec ses semblables, plutôt par voie épistolaire, et ses mots, par amitié, étaient parfois tranchants comme le glaive. Le psychiatre Christophe André aimait l'auteur et l'homme, avec lequel il a longtemps correspondu. Il nous raconte.

« Selon Malraux, il existe deux sortes de poésie : l'une destinée à être chantée (Apollinaire), l'autre à être gravée dans le marbre (Saint-John Perse). Sa poésie, Christian Bobin ne la destinait à rien. Il était trop intelligent et trop modeste pour cela. Parlant de son travail, il disait un jour : “je suis juste un scribe, c'est à peine moi qui écris, je recopie ce que je vois, ce que j'entends dans les silences, ce qui se trouve dans l'air. Mes livres, ce sont des manifestes de libellule…”

Un jour de 2007, il était venu aux éditions de L'Iconoclaste nous présenter son livre La Grande Vie, consacré au poète japonais Ryokan. Il s'inst [...] Lire la suite