Choupo-Moting et le PSG : du coup de pouce au coup de coeur

Le nouvel attaquant du PSG, arrivé dans le quasi-anonymat, symbole d’un mercato moqué, et avec une humilité qui dénote dans un vestiaire de stars, est aujourd’hui l’un des joueurs les plus rafraichissants du club francilien.

Perplexe. C’est certainement le mot qui est venu en premier en réaction à la signature improbable d’Éric Maxim Choupo-Moting au Paris Saint-Germain. Car entre le questionnement sur la réelle nécessité de débaucher un attaquant et les critiques qui sont tombées par rafales sur le club de la capitale pour avoir clairement raté ses objectifs, difficile de se satisfaire de ce nom bien éloigné des standards parisiens.

Le tout, pour un joueur quasi-anonyme, à qui l’on promettait le rôle ingrat de devoir se satisfaire des quelques rares miettes laissées par Edinson Cavani sur le terrain. On parle bien du guerrier uruguayen qui n’a manqué que 8 matches au total la saison dernière sur une soixantaine disputée par l’équipe, qui est le meilleur buteur de l’histoire du PSG, et ne supporte pas le moindre changement pour assurer sa quarantaine de buts annuels. Autant dire que sur le papier, pour un CV un chouilla clinquant, le job n’aurait pas franchement vendu du rêve. Mais pour un « Choupo » qui sort d’une saison à 5 buts à Stoke, et coûte 0 euro, c’était parfait.

Voilà donc pourquoi Thomas Tuchel est allé chercher Choupo-Moting, joueur qu’il connaît bien pour l’avoir coaché pendant 4 ans du côté de Mayence. Parce qu’il a la faim du joueur de 29 ans à qui l’on offre un destin parisien, parce que de par son statut « d’inconnu », il ne se sentira pas en mesure de réclamer des titularisations, et parce que de par sa mentalité, il se contentera de grandir dans l’ombre des plus grands.

Et puis, il n’y a pas que ça, car le coach allemand l’a très vite promis, l’international camerounais n’a pas que des qualités humaines, mais aussi de belles qualités sportives et athlétiques qui lui permettront de grapiller du temps de jeu cette saison. Car Choupo, en plus d’être un joueur apte à prendre la profondeur, envoyer les ballons trembler avec des têtes ravageuses et bousculer ses adversaires dans les duels à la manière d’un Cavani, a l’avantage de pouvoir être aussi un pivot idoine pour le jeu de Neymar et Mbappé, et qui se contente d’une touche de balle pour frapper. Cerise sur le gâteau, malgré son grand gabarit, c’est également un joueur capable de dribbler (il était l’un des meilleurs dribbleurs de Bundesliga et encore le joueur de Stoke qui a réussi (61) le plus de dribbles en Premier League la saison passée).

« C’est une opportunité. On a cherché un joueur pour être le remplaçant d’Edinson Cavani depuis plusieurs semaines. On visait un joueur fort sur les ballons aériens et dans les duels de la tête. C’est la force d’Edi. Avec Maxim, on aura une alternative. Ce n’est pas facile d’être le remplaçant d’Edi parce qu’il veut jouer tous les matches et il jouera beaucoup. Mais il faut être positif, travailler dur. Et c’est le cas de Maxim. Il a un très bon état d’esprit. C’est un joueur de top niveau. Et à mon avis, on avait besoin d’un joueur avec ces caractéristiques pour jouer les longs ballons », expliquait d’ailleurs Tuchel en conférence de presse en annonçant sa venue inattendue.

Et aujourd’hui, force est de constater que l’attaquant a répondu présent partout où il était attendu. Heureux comme un gosse devant une vitrine de bonbons, de sa signature à chacune de ses apparitions, nul besoin de connaitre le joueur pour comprendre qu’il vit un rêve en évoluant au PSG, où il n’aurait pas eu la prétention de s’imaginer. «Je me sens extrêmement honoré de m’engager aujourd’hui dans ce top club européen qu’est le Paris Saint-Germain. Je m’efforcerai de donner le maximum sur le terrain, jour après jour, pour exprimer ma reconnaissance envers mon nouveau club. Venir en France, ce très grand pays de football, marque une étape fantastique dans ma carrière. Je vais avoir des joueurs extraordinaires comme coéquipiers au quotidien » s’extasiait d’ailleurs le nouveau n°17 lors de sa signature.

Et si sur les réseaux sociaux les « my bro » fusent pour évoquer ses nouveaux coéquipiers, au sein desquels il semble être parfaitement intégré, c’est sur le terrain que Choupo-Moting a prouvé que sa mentalité était d’acier. Dans l’antre d’Anfield, il est d’ailleurs l’un des rares Parisiens à avoir échappé à la nonchalance collective. Ultra percutant de l’aile gauche à l’axe, le n°17 a été l’un des Franciliens les plus remuants pour les 10 dernières minutes de jeu.

Et ça tombe bien, puisque si Choupo-Moting a profité du retour progressif de Neymar après la trêve internationale et de la suspension de Mbappé, il a également une carte à jouer avec la méforme actuelle du Matador (un fait assez rare pour être signalé). « Il peut avoir un impact en dix minutes de temps de jeu. Il ne perd jamais espoir et il reste positif en sortant du banc », avait annoncé Tuchel. Résultat, après l’échantillon Liverpool, Tuchel a décidé de lui confier les 12 dernières minutes du match poussif contre Rennes. Bingo, 12 minutes, et un tout premier but sous le maillot rouge et bleu. Une chose est sûre désormais : s’il aura moins à manger qu’un super-sub, il aura autant faim qu’un titulaire.

« C’est vrai, c’est un but important. Je suis tout d’abord très content d’avoir inscrit ce but et gagné. (…) Bien sûr que c’est important pour moi mais bon… mon premier objectif était de bien m’intégrer, et montrer sur le terrain que j’ai des qualités et que je peux aider l’équipe. (…) C’est une très grande équipe et c’est normal que tout le monde attende un très grand nom, mais moi je connais mes qualités, j’étais depuis longtemps en contact avec le coach, je crois et moi et je suis très content d’être d’ici », expliquait l’intéressé après la victoire en terre bretonne, de BeIn Sport à Goal.

Aujourd’hui, difficile d’imaginer que l’attaquant pourra régulièrement fouler les terrains de Ligue 1, mais Choupo-Moting est venu pour rendre service et non seulement il le fait bien, mais en plus il le fait avec une bonne dose d’enthousiasme. Et ça, c’est un profil qui manquait cruellement au PSG.
La saison ne fait que commencer, son aventure parisienne n’en est qu’à ses prémices, mais on décèle déjà chez lui ce mélange de candeur, d’enthousiasme et de détermination, comme le simple fait de savourer être là. Mixez le tout, sur un son de Notorious, et c’est aussi rafraichissant que le début de l’automne. Pourvu que ça dure, car les saisons sont longues dans ce Paris brûlant.

Ambre Godillon