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Choc des cultures à Londres

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Tout les oppose. Leur parti, leur programme, leur parcours, leur religion. Entre Khan et Goldsmith, c’est plus qu’un maire que les londoniens choisissent. C’est un modèle de société.

Inamicalement votre. Cela pourrait résumer tout ce qui sépare les deux candidats de la municipale londonienne, dont on connaîtra les résultats ce vendredi.

Fils d’immigrés contre fils de milliardaire

L’un est fils d’immigrés pakistanais (père chauffeur de bus, mère couturière) devenu avocat, membre du parti travailliste et qui aujourd’hui se voit à la tête de la plus grande capitale d’Europe.

L’autre est fils de milliardaire, milliardaire lui-même, passé par toutes les grandes écoles, familier de la jet set et qui se voit à la tête de la première place financière européenne, capitale d’un pays tenté de tourner le dos à l’Europe. D’autant que papa s’appelait Jimmy. Jimmy Goldsmith qui s’était présenté sur la liste souverainiste de Philippe De Villiers en 1994 et qui avait à l’époque fondé le Referendum Party, demandant un referendum sur la sortie de l’Europe ! On y est pile !

L’immobilier au centre de la campagnes

Les deux veulent conquérir une ville qui est à des années lumières des clichés que l’on peut encore garder de l’époque où l’on apprenait l’anglais au collège. Le Londres des années Thatcher. Les banquiers repus sont devenus des requins de la finance internationale, les bourgeois tranquilles des néo-bobos consuméristes, les pubs crasseux sont remplacés par des restaurants de toutes les cuisines du monde, ce qui fait sans doute de Londres la ville d’Europe ou l’on mange le mieux.

Mais tout cela a une condition : avoir de l’argent, beaucoup d’argent. Londres a repoussé ses classes moyennes et pauvres à des dizaines de kilomètres en banlieues. Se loger décemment dans Londres est devenu est luxe reléguant l’immobilier Paris au statut de charmant village de province. C’est pourquoi l’immobilier a été au centre de la campagne.

Quand la religion s’invite

Et puis, évidemment, il y a la religion… Ça, évidemment, on ne pouvait pas y couper. Kahn contre Goldsmith, pensez donc, l’affiche à elle seule avait de quoi réveiller les abrutis qui pensent que les individus sont d’abord des croyances sur pattes. Les deux candidats n’ont pas fait campagne sur ce thème. Sans sonder les âmes et les cœurs, je crois que l’un et l’autre ont un rapport à la religion “culturel” plus que théologique.

N’empêche, dans leur camp respectif certains n’ont pas pu se retenir. Au Labour, l’antisionisme, la critique d’Israël et de la politique de son gouvernement peut rapidement virer à l’antisémitisme. Ken Livingston, Ken le Rouge, ancien maire de Londres, expliquant que le premier des sionistes a été Hitler… Idem en face, chez les conservateurs, où l’amalgame “musulman pakistanais = terroriste” était trop tentant pour ne pas se rouler dans la boue xénophobe.

Au final les choix des électeurs sera lourd de conséquences. A un mois et demi du référendum sur le maintien dans l’Europe il sera aussi un premier signal, dans un scrutin.

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