Publicité

Chine-Russie : la poursuite du rapprochement

Des touristes chinois à Moscou, un scène désormais très courante… Comme la famille Kui, venue de la province du Yunnan à plus de 6000 kilomètres de là, les Chinois sont de plus en plus nombreux à visiter la Russie. Depuis l'annexion de la Crimée il y a cinq ans et la chute du rouble due aux sanctions internationales, Moscou est devenu une destination abordable pour la classe moyenne chinoise, qui assume sans complexes sa fascination pour le folklore, l'histoire et la politique locale. Le nombre de touristes chinois en Russie a quasiment doublé depuis 2014 et Moscou espère assister au même boom dans d'autres secteurs de l'économie. Un développement auquel n'est pas étrangère la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine, une guerre qui a favorisé le dialogue entre Moscou et Pékin. Une visite très attendue Illustration de ce rapprochement, la visite d'État du président Xi Jinping en Russie qui débute ce mercredi. Ce sera sa 29ème rencontre avec Vladimir Poutine en six ans. Les deux présidents entendent renforcer le partenariat économique entre leurs pays et des dizaines d'accords de coopération devraient être signés. Mais au-delà, c'est bien un rapprochement stratégique qui s'opère, l'Amérique de Donald Trump ayant bousculé les lignes. « La Russie fait face à une escalade des sanctions et la Chine est en pleine guerre commerciale avec les États-Unis, commente Shiliang Sheng, analyste au Xinhua Center for World Affairs Studies. Alors qu'ils l'aient voulu ou non, les Américains ont en quelque sorte aidé les Chinois et les Russes à se rapprocher grandement. » « La lune de miel entre la Chine et les États-Unis avait figé l'économie mondiale, et désormais nous assistons à une nouvelle étape, renchérit Andrei Karneev, vice-directeur du Institute of Asian and African Studies, à l'Université de Moscou. Personne ne peut prédire ce qui va se passer mais il est important qu'au niveau international, une force vienne contrebalancer les facteurs déstabilisateurs, et le partenariat russo-chinois pourrait être cette force. » Si au temps de la guerre froide, la Russie avait l'ascendant, tel n'est plus vraiment le cas. La Chine est une puissance colossale et la venue de Xi Jinping au Forum économique de Saint-Pétersbourg est attendue avec impatience. Pour autant, les espoirs russes pourraient être déçus. « Premièrement, la Chine ne va pas renoncer aux immenses marchés occidentaux au profit des petits marchés de la Fédération russe, lâche Maksim Orlovsky, directeur général de Renaissance capital. Nous ne faisons pas le poids. Deuxièmement, les investisseurs privés en Chine voient avec appréhension les sanctions imposées aux sociétés et aux banques russes. » En 2018, les échanges commerciaux sino-russes n'en ont pas moins dépassé les 100 milliards de dollars, un record. Les deux alliés de circonstance ne manqueront pas d'évoquer aussi les grands dossiers de la diplomatie internationale, de la Corée du Nord au Venezuela en passant par le Proche-Orient.