Chevaux mutilés : un phénomène loin d'être nouveau

Des cas de chevaux mutilés ou tués ont été relevés dès 2014 en France. Mais ce phénomène a atteint des proportions inédites en 2020.
Des cas de chevaux mutilés ou tués ont été relevés dès 2014 en France. Mais ce phénomène a atteint des proportions inédites en 2020.

Depuis le début de l’année, plusieurs cas de chevaux mutilés et tués sont recensés en France. Le phénomène s’est même accéléré cet été. Si les attaques n’ont jamais été aussi nombreuses, ce n’est pas première fois qu’elles sont constatées dans le pays.

Dans la liste des faits divers, cette série a une place quasi-quotidienne depuis plusieurs semaines. Au quatre coins de l’Hexagone, des équidés sont mutilés ou tués. À la date du 26 août dernier, “plus d’une trentaine de cas avérés” étaient comptabilisés depuis le début de l’année 2020, selon une note du Service central du renseignement territorial (SCRT) consultée par Le Parisien.

“On a commencé à constater des premiers faits en début d’année. Puis, à la sortie du confinement, on a senti un phénomène arriver”, décrit auprès de Libération Jacques Diacono, chef de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique. Phénomène qui s’est franchement accéléré au mois d’août.

“Il y a aujourd'hui 153 enquêtes qui sont ouvertes partout en France dans plus de la moitié des départements”, a affirmé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors d’un déplacement ce 7 septembre. Des statistiques “sans précédents”, précise le document du SCRT, comme le rapporte Le Parisien.

Des faits constatés dès 2014

Pour autant, ce n’est pas la première fois que de tels actes sont commis sur des équidés en France. En novembre 2018, une jument a été retrouvée avec une artère de la patte sectionnée, près de Besançon. Selon les vétérinaires qui ont pu voir l’animal, et dont les témoignages ont été rapportés par France Bleu, le coupable aurait fait preuve d’un savoir faire certain. Il aurait par ailleurs sans doute utilisé un bistouri et peut-être même drogué l’animal avant de lui infliger sa blessure.

Le 1er janvier 2016, un cheval a été tué et un autre mutilé et grièvement blessé dans le hameau de Diederfing, en Moselle, comme le rapportait France Bleu à l’époque. Le crâne de l’animal mort a été fracassé et des friandises ont été retrouvées sur place, supposément utilisées par les coupables pour appâter les animaux.

Le 4 janvier 2014, c’est dans un centre équestre de la Loire, à Usson-en-Forez, qu’un cheval a été retrouvé mort, visiblement étranglé par une corde, selon le vétérinaire qui s’était rendu sur place à l’époque, expliquait La Montagne. L’animal avait également été mutilé : un oeil et une oreille avaient été ciselés, ses mamelons et ses jambes tailladés.

La série de 2020 a démarré tôt

En 2020, les cas de mutilation ont démarré très tôt. Le 12 février, un cheval était retrouvé mort dans un lycée agricole de Moselle, une de ses oreilles sectionnée. Deux jours plus tard, un nouvel animal a été tué dans un centre d’entraînement en Vendée. Lui aussi avait une oreille coupée. Le début d’une longue série de mutilations et de meurtres.

La France n’est pas le seul pays à connaître ce phénomène. L'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique, qui coordonne l’enquête à l’échelle nationale, a d’ailleurs “sollicité des pays voisins” qui avaient déjà fait face à de telles mutilations, explique le général Jacques Diacono dans Libération.

Nos voisins belges ont par exemple connu une vague de violence contre les chevaux en 2011. Membres fracturés ou amputés, lacérations, égorgements et même dépeçage... les faits, rapportés alors, notamment par Le Soir, sont très violents. Parmi les mutilations constatées, l’un des chevaux a eu l’oreille et les parties génitales coupées, comme c’est arrivé en France ces dernières semaines. Les faits avaient cessé à la fin de l’année 2011, sans que la lumière ne soit faite sur l’affaire.

Des faits similaires des les années 1970

Des décennies avant, plus de 160 chevaux ont été mutilés ou tués entre 1983 et 1993 au Royaume-Uni, comme le rapporte Le Parisien d’après un article du Guardian. L’Allemagne a presque atteint les 400 mutilations et meurtres de chevaux entre 1992 et 1998.

Comme le retrace Le Parisien, ces phénomènes de mutilation équine remontent en fait aux années 1970, aux États-Unis. À l’époque, boeufs et vaches étaient les principales victimes, mais certains chevaux ont aussi été pris pour cible. Avec, déjà, la particularité des mutilations impliquant le plus souvent une oreille et un oeil sectionnés, et les mamelles et parties génitales lacérées.

L’expérience de ces faits passés n’a pour l’instant pas permis d’élucider le mystère français, d’autant que beaucoup d’affaires du genre sont restées sans dénouement.

Ce contenu peut également vous intéresser :