Chevaux mutilés: pour un vétérinaire, les responsables "ont une grande connaissance de l’anatomie des équidés"

Un cheval a été abattu d'une balle dans la tête, en Grande-Bretagne, après un différend financier portant sur une somme dérisoire de 37,8 euros. (Photo d'illustration) - Nicholas Kamm - AFP
Un cheval a été abattu d'une balle dans la tête, en Grande-Bretagne, après un différend financier portant sur une somme dérisoire de 37,8 euros. (Photo d'illustration) - Nicholas Kamm - AFP

Entre les zones d’ombres qui entachent les multiples affaires de chevaux mutilés, une hypothèse se dessine: le ou les personnes qui s’en prennent de manière répétée depuis le début du mois d’août à des équidés doivent avoir une connaissance précise du milieu équestre et de l’anatomie de ces animaux.

Egorgés, attaqués à l'acide, l’oeil arraché, le coeur poignardé, l’appareil génital amputé ou encore l’oreille droite coupée… Une vingtaine de chevaux et poneys ont été attaqués aux quatre coins de la France. Pourtant, ces animaux, pesant plusieurs centaines de kilos, ne sont pas facilement manipulables.

"Une grande force physique pour contenir ces bêtes"

"Les chevaux n’ont pas un grand niveau de familiarité donc a priori ils ne vont pas laisser un humain qu’ils ne connaissent pas les approcher (...) Il faut une grande force physique pour arriver à contenir ces bêtes", explique sur BFMTV Thierry Bedossa, vétérinaire et président-fondateur d’Agir pour la vie animale (AVA).

"C’est évident qu’il faut quelqu’un qui soit capable d’approcher un cheval dans le pré, si vous n’avez pas l’habitude, ça peut durer très longtemps", abonde Kamel Boudra, journaliste spécialiste des sports équestres. Et alors que les agressions s’enchaînent avec des mutilations précises et méthodiques, la conviction que les responsables connaissent les chevaux et leur anatomie se renforce.

Des mutilations "chirurgicales"

"Les opérations qui ont été pratiquées sur eux nécessitent une grande maîtrise et du temps parce que certaines découpes sont faites très précisément, il s’agit même d’organes qui sont retirés chirurgicalement", énonce le consultant sécurité de BFMTV, Guillaume Farde.

Mardi, une ponette a été retrouvée morte, vidée de son sang, dans son pré en Saône-et-Loire. Son crâne a également été fracassé et une partie de son museau tranchée. L'autopsie a par ailleurs révélé que le diaphragme de l'animal a été enfoncé. "On ignore encore si les équidés ont été mutilés avant ou après leur mort", souligne Thierry Bedossa, mais "pour mutiler un cheval alors qu’il n’est pas tué, ou anesthésié, il faut énormément de force".

Vétérinaires, bouchers, agents d'abattoirs

Qui pourrait maîtriser à ce point les équidés? Selon le président de l’AVA, de telles connaissances se retrouvent chez "les techniciens des laboratoires départementaux vétérinaires qui peuvent pratiquer des autopsies, les vétérinaires, les bouchers ou encore les agents dans les abattoirs". Reste à savoir si cette piste permettra de faire avancer les enquêtes des gendarmes.

La brigade de recherches de l’Yonne tente parallèlement d’exploiter une autre piste: un propriétaire de chevaux a été agressé dans la nuit de lundi à mardi après l’attaque d’un de ses poneys. Il a eu le temps de voir le visage de l’un des agresseurs et en a dressé un portrait-robot. Mais pour l’heure, le procureur reste prudent et n’établit pas de lien certain entre cette mutilation et les cas survenus ces dernières semaines.

Article original publié sur BFMTV.com