Les cheminots, héros discrets de la guerre en Ukraine
À Kherson, le feu ennemi s’est tu. La ville du sud de l’Ukraine retrouve sa liberté, ce 11 novembre, au terme d’une intense contre-offensive ukrainienne. Quarante-huit heures plus tard, le PDG des chemins de fer Oleksandr Kamychine pose le pied sur le quai de la gare locale. “Et ce avant-même la sécurisation des lieux par l’armée”, glisse le média américain Wired. La petite équipe de cheminots présente à ses côtés se met au travail sans tarder. Moins d’une semaine plus tard, la liaison ferroviaire avec Kiev reprend du service.
Cet épisode, relaté par de nombreux médias étrangers, illustre à la perfection le mantra ukrainien, répété à l’envi depuis le début de l’invasion russe : “Nos chars d’abord, puis nos trains.” Les liaisons aériennes coupées, Ukrzaliznytsia, l’équivalent de la SNCF en France, sert l’effort de guerre et dessert, tant bien que mal, le territoire ukrainien libre. “C’est une bouée de sauvetage sur rails”, résume The Daily Telegraph.
Tous égaux devant les voitures jaunes et bleues
Au cours de la première année de conflit, les chemins de fer ont ainsi permis l’évacuation de quelque 4 millions de personnes, dont un 1 million d’enfants. “Sur la période, aucune victime n’a été déplorée”, salue le quotidien The Guardian, à Londres. Le réseau ferroviaire a aussi vu passer des centaines de milliers de tonnes d’aides humaanitaires, des cargaisons vitales de céréales expédiées vers la frontière et des dizaines de diplomates, d’acteurs et de chef d’État venus soutenir le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Kiev. “D’une certaine manière, on est tous égaux devant les trains ukrainiens jaunes et bleus”, observe le journaliste Peter Beaumont.
La dernière visite en date, celle de Joe Biden le 20 février, a braqué les projecteurs sur le professionnalisme d’Oleksandr Kamychine et de ses équipes. Dans une voiture baptisée “Rail Force One”, le locataire de la maison Blanche a parcouru en 10 heures, de nuit, les 600 kilomètres entre la frontière polonaise et la capitale ukrainienne. Sans accroc. Et dans le plus grand secret. “Il n’y a pas eu une seule fuite, se félicite le dirigeant de 38 ans auprès de The Guardian. Imaginez un peu, le président des États-Unis qui vient en train dans un pays en guerre.”
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