Chemin de Compostelle : la route de pèlerinage mythique n’est pas épargnée par les agressions sexuelles
Sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, souvent décrit comme sûr, des randonneuses disent avoir été victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles.
RANDONNÉE - C’est le pèlerinage le plus fréquenté du monde chrétien, il est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, et ses chemins sont empruntés par plus de 200 000 personnes chaque année. La route de Compostelle est mythique, mais elle n’est pas épargnée par les violences sexistes et sexuelles.
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Le journal britannique The Guardian a recueilli les témoignages de victimes d’agressions sexuelles ou de harcèlement sur ce chemin qui traverse la France, l’Espagne et le Portugal, pourtant vanté comme sûr.
Sur les sentiers, dans les gîtes et dans les rues
Neuf femmes affirment avoir été victimes de harcèlement sexuel de la part d’hommes sur la route de Compostelle ces cinq dernières années. Parmi elles, Marie Albert, journaliste française qui a documenté ses voyages sur les sentiers entre 2016 et 2018 et a publié, en 2021, une enquête dévoilant l’ampleur du harcèlement sexuel sur ce lieu, aussi bien de la part d’autres randonneurs que sur les sentiers et dans les villages. « Ces routes sont dites sûres pour les femmes, et il est tabou d’en dire autre chose », a-t-elle expliqué au média.
Pourtant, les témoignages sont glaçants. Parmi les interrogées, sept attestent avoir été victimes d’exhibitionnistes et d’hommes se masturbant sur leur passage. Une autre déclare avoir dû repousser des gestes visant à la toucher sans son consentement, et des commentaires obscènes de plusieurs hommes, tandis que la neuvième explique qu’un homme s’est approché d’elle avec un van, l’exhortant à monter à l’intérieur. Autant d’incidents ayant eu lieu alors que les randonneuses étaient seules, sur des passages isolés du chemin.
Pour Lorena Gaibor, fondatrice du forum Camigas, qui met en relation des pèlerines depuis 2015, ces expériences sont choquantes, mais pas surprenantes. « Le harcèlement sexuel est endémique sur le Chemin. […] Chaque année, nous avons des témoignages de femmes qui sont victimes des mêmes choses », a-t-elle expliqué au Guardian.
En 2021, le gouvernement espagnol a lancé une campagne de sécurité grâce à laquelle, via 1 600 points à travers la Galice, les marcheuses peuvent avoir accès à des informations en plusieurs langues sur la manière de contacter les services d’urgence.
Dans un communiqué cité par le Guardian, la police portugaise affirme que depuis 2023, cinq faits d’exhibitionnisme ont été reportés. Aucun suspect n’a été identifié, et aucune arrestation n’a eu lieu. De mai à octobre, la police a mis en place des patrouilles pour mieux protéger les pèlerins. Les ministères de l’Intérieur français et espagnol, ainsi que les polices de ces pays, ont été contactés par le média anglophone, sans réponse. Le gouvernement espagnol, quant à lui, souligne la mise en place d’initiatives visant à protéger les randonneurs et randonneuses, notamment la présence de patrouilles de police sur les routes et la mise en place d’un protocole permettant la venue de forces de sécurité à chaque appel émanant d’un marcheur.
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