Le chef de l'ONU affirme que le Liban est "au bord du gouffre" après l'offensive israélienne
"Le Liban est au bord du gouffre", a alerté mardi 24 septembre le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, devant l'Assemblée générale à New York, craignant que le pays ne devienne "un autre Gaza" alors que l'armée israélienne y bombarde les positions du Hezbollah.
"Gaza est un cauchemar permanent qui menace d'emporter toute la région dans le chaos. A commencer par le Liban. Le peuple libanais, le peuple israélien et les peuples du monde ne peuvent se permettre que le Liban devienne un autre Gaza", a-t-il martelé devant les 193 pays de l'ONU réunis pour la semaine annuelle des discours des chefs d'Etat et de gouvernement.
"Nous devrions tous être alarmés par cette escalade. Le Liban est au bord du gouffre", a-t-il dit.
Lundi, les frappes israéliennes ont fait 558 morts, dont 50 enfants et 94 femmes, et 1.835 blessés, selon les autorités libanaises. L'armée israélienne a parlé d'un "grand nombre" de membres du Hezbollah tués.
Le monde "pris dans un tourbillon"
Dénonçant aussi l'attaque "abominable" du Hamas contre Israël le 7 octobre et la capture d'otages, il a réclamé à nouveau un cessez-le-feu "immédiat", répétant que "rien ne peut justifier d'infliger un châtiment collectif au peuple palestinien".
De manière plus générale, "le monde est pris dans un tourbillon" où les divisions géopolitiques ne cessent de grandir et où "les guerres font rage sans que l'on ne sache comment elles vont se terminer".
"Nous allons tout droit vers l'inimaginable, une poudrière qui risque d'engloutir le monde".
"On ne peut pas continuer ainsi", a-t-il plaidé, mettant notamment en cause pour cette situation l'impunité qui règne à travers le monde.
Guterres dénonce "l'impunité"
"Le degré d'impunité dans le monde est indéfendable sur le plan politique et moralement intolérable. Aujourd'hui, un nombre croissant de gouvernements se sentent autorisés à bénéficier, comme au Monopoly, d'une carte +Vous êtes libéré de prison+", a-t-il déclaré.
"Ils peuvent fouler aux pieds le droit international. Ils peuvent violer la Charte des Nations Unies. Ils peuvent ignorer les conventions internationales sur les droits humains ou les décisions des tribunaux internationaux. Ils peuvent bafouer le droit international humanitaire. Ils peuvent envahir un autre pays, dévaster des sociétés entières ou mépriser complètement le bien-être de leur propre peuple", a-t-il énuméré. "Sans que rien ne se passe".
Au-delà de Gaza et de l'Ukraine, il a notamment mentionné "la lutte brutale pour le pouvoir" au Soudan qui a déchainé "d'horribles violences, y compris des viols et agressions sexuelles généralisés" et dénoncé "les puissances extérieures" qui continuent de s'ingérer.
Sans oublier la Birmanie, la République démocratique du Congo, Haïti ou le Yémen, où violences et souffrances se poursuivent sur fond d'incapacité chronique à trouver des solutions.
Il a, d'autre part, mis en avant l'instabilité d'un monde menacé par le développement "imprévisible" de l'intelligence artificielle et les impacts grandissants du changement climatique. "Nous assistons à un véritable effondrement du climat", a-t-il lancé, s'en prenant une nouvelle fois aux énergies fossiles, principales responsables du réchauffement.
"Les températures extrêmes, les incendies violents, les sécheresses et les inondations catastrophiques ne sont pas des catastrophes naturelles. Ce sont des catastrophes humaines, dont les combustibles fossiles précipitent l'enchaînement".