Le chef du Groupe Wagner menace de quitter Bakhmout
La milice Wagner va-t-elle se retirer, le 10 mai, de Bakhmout, lieu d’une sanglante et lancinante bataille entre l’Ukraine et la Russie ? C’est la menace qu’agite le chef des mercenaires russes, Evgueni Prigojine, vendredi 5 mai, en raison d’un manque flagrant de munitions, explique la BBC.
Cette déclaration “fait suite à la diffusion d’une vidéo macabre le montrant marchant au milieu de cadavres de combattants”, dans laquelle il exige des responsables de l’armée russe “qu’ils lui fournissent davantage de matériel” pour pouvoir achever la conquête de cette ville de l’est de l’Ukraine. “La Russie tente de conquérir Bakhmout depuis des mois, malgré sa valeur stratégique discutable”, rappelle le média public britannique.
Dans cette vidéo tournée le 4 mai, le “chef redouté des milices Wagner” insulte copieusement le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et le chef des armées, Valeri Guerassimov, constate Politico. Prigojine, en montrant les cadavres, s’emporte : “Ce sont les soldats qu’on a perdus aujourd’hui, leur sang n’a même pas eu le temps de sécher. Alors écoutez-moi, bande de connards. Ils étaient des fils, des pères. Vous ne nous donnez pas de munitions, vous brûlerez en enfer, connards. Nous avons une pénurie d’obus… Choïgou, Guerassimov, ils sont où nos obus, bordel ? Regardez-les, espèces de trous du cul.”
Escalade
Dans une déclaration publiée par son service de presse vendredi 5 mai, le Groupe Wagner met nommément en cause le ministère de la Défense russe, qui créerait “artificiellement des pénuries d’obus pour leurs mercenaires et provoquerait des pertes massives”, poursuit le média européen en ligne. Prigojine y “accuse le Kremlin d’être jaloux des succès de ses forces sur le front”.
La vidéo et la déclaration reflètent une “escalade de la rivalité entre les différentes forces militaires russes qui se battent en Ukraine”, relève The Washington Post. Prigojine affirme que “ses forces n’ont pas d’autre choix que de se retirer à l’arrière pour panser leurs plaies”, mais il n’est pas certain qu’il mette sa menace à exécution le 10 mai, au lendemain des célébrations du jour de la Victoire en Russie, estime le quotidien américain. Un retrait “serait catastrophique pour la longue et sanglante bataille militaire pour Bakhmout” et “ternirait probablement l’influent oligarque sur le plan politique”.
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