Le chef des centristes israéliens pourrait obtenir l'appui des députés arabes

LE CHEF DES CENTRISTES ISRAÉLIENS POURRAIT OBTENIR L'APPUI DES DÉPUTÉS ARABES

JERUSALEM (Reuters) - Le chef de file des centristes israéliens, Benny Gantz, principal rival de Benjamin Netanyahu, a obtenu dimanche le soutien du Parti arabe israélien pour former un gouvernement, un développement susceptible de contrarier le projet du Premier ministre sortant de se maintenir au pouvoir en proposant un exécutif d'unité nationale.

Les Israéliens sont retournés aux urnes le 2 mars dernier, pour la troisième fois en moins d'un an, mais aucune coalition n'a décroché de majorité dans le Parlement issu de ce nouveau scrutin.

Il manque trois voix à Netanyahu pour obtenir les 61 sièges synonymes de majorité absolue, et le Premier ministre israélien a proposé dimanche à Benny Gantz de s'accorder sur un "gouvernement d'urgence" pour faire face à l'épidémie de coronavirus.

Un "gouvernement d'urgence nationale" dirigé par lui pour une durée de six mois serait en mesure d'adopter un budget et de prendre les "décisions difficiles" requises par la crise sanitaire, a-t-il écrit sur Twitter.

Il a également avancé une autre proposition: un gouvernement d'unité qui tiendrait sur toute la durée de la mandature, lui en prenant la tête les deux premières années avant de transmettre le relais à Gantz.

La suggestion n'a pas déclenché l'enthousiasme de ce dernier. "Quand vous serez sérieux, nous parlerons", lui a-t-il répondu, lui reprochant de négocier par réseaux sociaux interposés et exprimant ses doutes sur les intentions véritables de Netanyahu.

Le Premier ministre doit être jugé pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires distinctes. Son procès, qui devait s'ouvrir mardi, a été repoussé au 24 mai, épidémie de coronavirus oblige. Il rejette les charges retenues contre lui.

Parallèlement, reçu par le président Reuven Rivlin, Ayman Odeh, chef de file de la Liste commune, alliance de partis arabes israéliens, a souligné que ses électeurs avaient clairement exprimé leur rejet d'un nouveau gouvernement de droite avec Benjamin Netanyahu à sa tête.

Odeh, dont le parti est la troisième force parlementaire à la Knesset, n'entend pas participer à un gouvernement Gantz. Pour autant, il pourrait lui fournir un soutien parlementaire.

"Tandis que Netanyahu gère une crise mondiale et nationale de la manière la plus responsable, Gantz se précipite pour former un gouvernement minoritaire dépendant de partisans du terrorisme", a aussitôt réagi le Likoud, la formation du Premier ministre sortant.

Une autre inconnue demeure: le choix de l'ancien ministre de la Défense Avigdor Lieberman, qui dirige le parti d'extrême droite Israël Beïteïnou.

Lieberman a rejeté un gouvernement qui serait soutenu par des députés arabes israéliens, qu'il accuse de déloyauté envers l'Etat hébreu, mais a aussi appelé Netanyahu à quitter le pouvoir le temps que son procès s'achève.

(Jeffrey Heller; version française Henri-Pierre André)