Chaud le taxi

stop. Road movie choral, «Directions» navigue le long des vices et dérèglements de la société bulgare.

«La Bulgarie est le pays des optimistes : tous les dépressifs et les pessimistes sont partis depuis longtemps», entend-on à mi-parcours de Directions. Ou se sont tirés une balle dans la tête, tel le petit entrepreneur et chauffeur de taxi cueilli au seuil du film; à l’aube d’une «grande journée» «tout ira bien», litanie-t-il, avant de déposer sa fille à l’école, de croiser la route d’une lycéenne qui sèche les cours pour faire la pute, puis d’abattre de désespoir le banquier véreux dont le racket menaçait de broyer sa famille, avant de retourner son arme contre lui. Tout cela comme dans un seul et même souffle tourmenté, conduit à son ultime extinction.

Rapace. Librement adapté d’une nouvelle de Tchekhov (Tristesse) aux lambeaux de laquelle se greffe un magma d’«histoires vraies» (si tant est que ça existe), le troisième long métrage de Stephan Komandarev sillonne Sofia la nuit qui suit la tuerie du prologue, sur le mode choral d’un road movie urbain, bouclé, enserrant de sa course en cercle de vices tous les dérèglements qui infectent la société bulgare contemporaine.

On navigue ainsi, au fil du flux vibrant de chapitres tournés en plans-séquences, de l’habitacle d’un taxi à un autre, tandis que les autoradios crépitent de témoignages de citoyens indignés par le crime survenu le matin ou par l’état de corruption généralisée qui aura conduit le pauvre chauffeur à l’extrémité de son geste. Ou encore par cette prétendue invasion de migrants venus se remplir les poches d’aides sociales au détriment des braves Bulgares.

On accompagne là, aux volants de cette flotte, des hommes, des femmes, jeunes ou vieux, endeuillés ou joyeux, dont les trajets quadrillent la pénombre orangée des avenues de la ville, leurs grands ensembles numérotés, leurs échoppes colorées de néons vieillots. Nouées autour de l’onde de choc du drame du jour, les trajectoires se croisent et (...)

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