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Chasseur de déprime

Thérapie épistolaire d’Isabelle Minière

Barthélémy est un drôle de type. Benêt d’apparence au début du récit, il prend de plus en plus d’épaisseur jusqu’à attiser notre curiosité, provoquer notre admiration et même gagner notre sympathie. Barthélémy est un déprimé chronique, du moins le croit-il. C’est vrai qu’il n’est pas gâté par la vie. Mal-aimé dans son enfance, mal accompagné par une femme qui lui demande de l’appeler «bb» et passe ses jours et ses nuits au lit à regarder des séries pendant qu’il dort dans un débarras de 5 mètres carré rebaptisé chambre du bébé. Sans compter que son nom évoque le massacre de la Saint-Barthélemy, ce qu’il ne manque pas de rappeler à ses interlocuteurs.

Alors Barthélémy écrit. Il se raconte à un psy inconnu, dont on ne sait s’il est imaginaire ou pas. Chaque chapitre est une lettre. Et chaque lettre raconte un épisode de la vie de Barthélémy. Cela déconcerte au début puis l’on s’y fait et l’on adore. Car on rit beaucoup, le style est désopilant. Barthélémy a bien plus de recul sur lui-même qu’il n’y paraît. Sous ses airs évaporés, il comprend tout, ou il finit par tout comprendre.

Un jour il veut en avoir le cœur net : savoir enfin s’il est vraiment déprimé. Alors il va voir un psy, le docteur Blavar, qui s’avère un peu fou, du moins fantaisiste. Puis il va voir le frère de Blavar, psy lui aussi mais adepte des «questionnaires à choix multiples». On se croirait presque dans l’Amant double, le film de François Ozon dont les héros sont des jumeaux psys, mais heureusement il n’y a pas de sexe, Barthélémy ne s’en serait pas remis.

On comprend mieux le livre quand on sait que l’auteure, Isabelle Minière, est psy, spécialisée dans l’hypnose. Barthélémy a besoin de parler ou d’écrire, peu importe qu’il y ait réponse ou pas. L’important, c’est de faire le point sur lui-même et sur sa vie. C’est sa thérapie. A l’image d’un patient allongé sur un divan, tournant le dos à son psy. «J’incite souvent mes patients à écrire,sur les petits moments (...)

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