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Charter proche d'un accord de rachat de Time Warner Cable

par Liana B. Baker

SAN FRANCISCO (Reuters) - Charter Communications, le troisième câblo-opérateur aux Etats-Unis, s'est rapproché d'un accord sur le rachat pour 55 milliards de dollars (50 milliards d'euros) de Time Warner Cable (TWC), le numéro deux du secteur, a-t-on appris lundi de sources proches du dossier.

Leur fusion donnerait naissance à un rival de taille pour Comcast, premier opérateur américain sur le câble et l'internet à haut débit. Il prendrait également de vitesse le français Altice, le groupe de Patrick Drahi qui discute avec plusieurs banques du financement d'une offre concurrente sur TWC.

Altice, assurent deux sources proches du dossier, ne renchérirait pas mais pourrait envisager en revanche d'autres acquisitions après son rachat du câblo-opérateur Suddenlink qui lui a permis de prendre pied sur le marché américain.

L'offre de Charter devrait être annoncée mardi. Elle valorise Time Warner Cable à 195 dollars par action. Le titre Time Warner a clôturé vendredi au cours de 171,18 dollars. Wall Street était fermée ce lundi pour cause de jour férié.

Charter versera 100 dollars en numéraire par action Time Warner Cable et le reste en actions, a poursuivi une des sources.

Incluant aussi le rachat de Bright House Networks, sixième câblo-opérateur américain, elle interviendrait un mois après que Comcast a renoncé à racheter TWC pour 45,2 milliards de dollars, le projet se heurtant à l'opposition des autorités américaines de la concurrence.

Si la fusion s'opère, elle marquera une nouvelle étape de la consolidation en cours au moment où le secteur de la télévision payante traditionnelle stagne face à l'émergence des nouveaux modes de consommation en ligne de programmes audiovisuels que symbolise Netflix.

Un groupe combinant Charter et TWC réaliserait des économies d'échelle substantielles, y compris dans la négociation avec les éditeurs de contenus sur la répartition des revenus.

Début 2014, Time Warner Cable avait rejeté une offre hostile de Charter et s'était tourné vers Comcast. Une piste refermée il y a un mois par les autorités de la concurrence.

SOUS L'OEIL DES RÉGULATEURS

Une fusion entre Comcast et Time Warner Cable aurait créé un groupe contrôlant près de 30% du marché de la télévision payante aux Etats-Unis, même après les cessions d'actifs promises par les deux groupes, et qui serait devenu le fournisseur d'accès internet à haut débit de près de 40% des foyers américains.

La direction de Charter espère que son projet de fusion-acquisition sera considéré avec plus de mansuétude par la FCC, l'autorité de régulation du secteur. La semaine dernière, le Wall Street Journal rapportait que le président de la Federal Communications Commission, Tom Wheeler, a contacté les dirigeants de Time Warner Cable et Charter Communications pour leur affirmer que son institution n'était pas opposée à des rapprochements dans le secteur du câble.

Matthew Harrigan, analyste chez Wunderlich Securities, estime que "la probabilité qu'une telle fusion soit jugée acceptable par le régulateur est très élevée". Les parts de marché du groupe né de ce rapprochement ne seraient pas aussi importantes; sur l'internet à haut débit, il représenterait 20% du secteur, selon des données de MoffettNathanson.

Les questions qui se posent en revanche, ajoute Matthew Harrigan, portent sur l'existence d'autres acquéreurs potentiels et sur la réaction des actionnaires de Charter Communications. "On ne peut jamais être sûr avec ces accords. La situation pourrait se muer en quelque chose de différent d'ici mardi matin (ndlr, à la réouverture des marchés à New York)", dit-il.

Le projet est quoi qu'il en soit soutenu par John Malone, principal actionnaire de Charter via son groupe Liberty Broadband.

Time Warner Cable s'est refusé à tout commentaire et personne n'était disponible dans l'immédiat ni chez Charter ni chez Bright House pour réagir.

Tom Rutledge, actuel directeur général de Charter, devrait prendre la tête du nouvel ensemble, selon une des sources contactées, qui ont toutes requis l'anonymat.

(avec Greg Roumeliotis à New York; Benoît Van Overstraeten et Henri-Pierre André pour le service français)