La charte du CFCM proscrit les "discours politiques" dans les lieux de culte

Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris, Mohammed Moussaoui, président du CFCM et d'autres représentants du CFCM, dont Assani Fassassi, le lundi 18 janvier au palais de l'Elysée. - Ludovic MARIN / AFP
Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris, Mohammed Moussaoui, président du CFCM et d'autres représentants du CFCM, dont Assani Fassassi, le lundi 18 janvier au palais de l'Elysée. - Ludovic MARIN / AFP

"Nous refusons que les lieux de culte servent à diffuser des discours politiques": dans la "charte des principes" présentée celundi à l'Elysée, le Conseil français du culte musulman (CFCM) s'engage à lutter contre l'islam politique et les ingérences étrangères.

Un "label" pour les imams de France

Le CFCM, composé de neuf fédérations, a approuvé dimanche soir cette charte qui était réclamée par l'exécutif, après plusieurs semaines de crises internes. Elle ouvre la voie à une restructuration de la deuxième religion de France et notamment à la création d'un Conseil national des imams (CNI), qui sera chargé de "labelliser" les imams exerçant en France.

"Aucune conviction religieuse ne peut être invoquée pour se soustraire aux obligations des citoyens", écrivent les responsables du CFCM dans le préambule de cette "charte des principes pour l'islam de France".

"Nous réaffirmons d'emblée que ni nos convictions religieuses ni toute autre raison ne sauraient supplanter les principes qui fondent le droit et la Constitution de la République", assurent-ils.

Les discours défendant des régimes étrangers bannis

La charte contient dix articles. Le sixième, probablement le plus attendu, est consacré au "rejet de toutes les formes d'ingérence et de l'instrumentalisation de l'islam à des fins politiques".

"Nous refusons que les lieux de culte servent à diffuser des discours politiques ou importent des conflits qui ont lieu dans d'autres parties du monde. Nos mosquées et lieux de culte sont réservés à la prière et à la transmission de valeurs", est-il écrit dans cet article.

Les lieux de culte ne doivent ainsi pas être utilisés pour diffuser des "discours nationalistes défendant des régimes étrangers et soutenant des politiques étrangères hostiles à la France, ajoute le document.

"Nous prenons l'engagement d'assurer de plus en plus le financement de nos lieux de culte par des financements nationaux", est-il également dit. "Les signataires doivent rejeter clairement toute ingérence de l'étranger dans la gestion de leurs mosquées et la mission de leurs imams".

Respecter l'égalité femme-homme

Sur un autre point sensible, les signataires de la charte devront s'engager "à ne pas criminaliser un renoncement à l'islam, ni à le qualifier d'apostasie". De même, les responsables du CFCM s'attachent à faire respecter l'égalité femme-homme.

L'article 8, consacré à "l'attachement à la laïcité et aux services publics", rappelle "le rôle essentiel de l'enseignant dans notre société et l'importance de l'école qui doit être préservée des maux qui touchent la société", probablement en référence à l'assassinat du professeur Samuel Paty.

Article original publié sur BFMTV.com