La charpente de Notre-Dame de Paris reconstruite avec l'aide de petits oiseaux
Cinq ans après l'incendie d'ampleur qui a ravagé Notre-Dame de Paris et les travaux titanesques qui ont permis de lui rendre sa splendeur, la cathédrale a rouvert ses portes au public dimanche 8 décembre. Lors d'une première messe célébrée à cette occasion, les visiteurs ont pu admirer la charpente de l'édifice, reconstruite à l'identique grâce au savoir-faire de talentueux artisans et à la participation, pour le moins surprenante, de petits oiseaux !
Des chênes plantés par des geais
Afin de réaliser la structure en bois de la cathédrale en respectant les techniques de anciens bâtisseurs, plus de 2000 chênes français centenaires ont été abattus. Une opération controversée, mais dont le coût carbone serait bien moindre que ne l'aurait été l'utilisation de l'acier et du béton, selon le bureau d'études des écosystèmes Oak Society.
Or, l'association française Quercus et Garrulus (chêne et geai en latin) révèle que la majorité des chênes récoltés n'ont pas été plantés manuellement, mais par des geais d'Eurasie.
Les geais, "des cueilleurs de glands"
Chaque automne, les geais cachent jusqu'à 5 000 glands dans le sol pour se préparer à l'hiver. Ces petits oiseaux, portent le nom latin, bien choisi, de Garrulus glandarius, ce qui se traduit par "cueilleur de glands bavard".
Or, 50 % des glands cachés par les geais ne sont pas consommés. Les glands abandonnés germent alors en jeunes chênes. Ceux-ci serait délibérément laissé par les geais qui cultivent ces arbres afin de donner les premières feuilles nutritives, connues sous le nom de cotylédons, à leurs oisillons au printemps.
Chaque année, près de deux milliards de glands en France sont ainsi plantés par ces petits oiseaux, selon les estimations de Quercus et Garrulus. Des études antérieures également révélé qu'en France et dans le reste de l'Europe, 59 % des jeunes chênes sont plantés par des geais.
Un nouveau projet stimule les efforts des geais pour réhabiliter les forêts françaises
Le chêne, principale essence forestière de France, est un acteur majeur de la biodiversité des territoires du pays. L'arbre abrite près de 1 500 espèces animales et végétales. Les chênaies françaises actuelles sont des puits de carbone, qui capturent l'équivalent de huit millions de tonnes de CO2.
Alors que 2024 devrait être l'année la plus chaude jamais enregistrée en raison de la crise climatique, ces forêts sont essentielles pour atténuer l'impact des gaz à effet de serre. Les geais étant responsables de la moitié de la croissance des nouvelles forêts, ceux-ci ont un rôle crucial dans la migration et l'adaptation des chênes à de nouveaux territoires.
Afin de favoriser l'activité d'ensemencement des geais, Quercus et Garrulus a créé le système SAGE "semis assisté par les geais, un dispositif qui fournit des bacs à glands à des endroits stratégiques.
L'association affirme que les geais ayant accès au système SAGE ont planté des chênes à des centaines de kilomètres de leur habitat actuel. Des expériences ont par ailleurs démontré que les oiseaux peuvent s'adapter à la plantation de châtaigniers, de faînes et d'autres espèces.