Charles Michel se rend à Pékin alors que l'UE cherche à redéfinir ses relations avec la Chine

Charles Michel se rend à Pékin alors que l'UE cherche à redéfinir ses relations avec la Chine

Le président du Conseil européen, Charles Michel, se rendra en Chine cette semaine pour y rencontrer les dirigeants du pays, afin de jauger la position chinoise sur les questions clés en "ce moment critique".

Charles Michel se rendra à Pékin le 1er décembre et rencontrera le président chinois Xi Jinping, le Premier ministre Li Kepiang et le président du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire, Li Zhanshu.

Cette rencontre intervient six semaines après une discussion stratégique des dirigeants de l'Union européenne sur la Chine. Les 27 voulaient se concerter sur le refus de Pékin de condamner la guerre menée par la Russie en Ukraine, sur le déficit commercial européen croissant au profit de la Chine et par la prise de conscience de la forte dépendance de l'Union vis-à-vis de Pékin concernant les technologies et les matières premières.

Les autres préoccupations touchent les implications sécuritaires des investissements chinois dans les infrastructures critiques de l’UE, l'affirmation de la Chine dans la région, et en particulier sur Taïwan, ainsi que la réélection de Xi Jinping pour un troisième mandat, sans précédent.

"Je pense que le président a reçu de cette discussion un mandat clair sur ce que devrait être notre politique à l'égard de la Chine", déclarait la semaine dernière un fonctionnaire européen.

Charles Michel "a pensé qu'il serait bon de s'engager avec la Chine, car nous sommes à un moment critique", ajoute-t-il.

Ce déplacement sera l’occasion d’évoquer l'évolution de la situation géopolitique, l'économie et les liens commerciaux, ainsi que d'autres défis mondiaux tels que le changement climatique, la santé et l'augmentation des prix des denrées alimentaires et de l'énergie.

Le dirigeant européen devrait quant à lui soulever "des questions relatives aux droits de l'homme et à nos valeurs", souligne le fonctionnaire européen, notamment sur les récents développements à Hong Kong et au Xinjiang.

On ignore encore si Charles Michel participera à une conférence de presse conjointe avec l'un de ses hôtes chinois, en raison des strictes mesures sanitaire en vigueur dans le pays.

Il est également peu probable que la visite débouche sur une quelconque annonce.

Selon le fonctionnaire européen, la visite devrait plutôt être considérée comme un premier engagement et les discussions comme un résultat à atteindre.

"Nous pensons qu'il est nécessaire de donner un nouvel élan à la relation et de vérifier ce qui a changé et quels sont les nouveaux paramètres", explique-t-il.

La Russie sera au cœur des discussions. L'UE veut s'assurer que Pékin ne fournit pas à Moscou des armes ou des matériaux soumis à un embargo occidental.

Les autorités chinoises ont envoyé des signaux positifs ces dernières semaines, notamment en acceptant un communiqué conjoint du G20 qui déplorait "dans les termes les plus forts l'agression de la Fédération de Russie contre l'Ukraine".

La première rencontre physique de Charles Michel avec Xi Jinping intervient un mois après la visite du chancelier allemand Olaf Scholz à Pékin et après la rencontre du président français Emmanuel Macron avec le dirigeant chinois en marge du sommet du G20 au début du mois.

Les 27 ont également adopté récemment une législation pour limiter l'accès des entreprises chinoises subventionnées au marché européen.

Mais les récents événements en Chine pourraient faire dérailler l'ordre du jour, Xi Jinping fait face à la plus grande contestation publique depuis des décennies.

Ces derniers jours, des manifestations ont éclaté dans toute la Chine à la suite de la mort de dix personnes dans la ville d'Urumqi, dans la région occidentale du Xinjiang, après qu'un incendie se soit déclaré dans un immeuble résidentiel où elles étaient confinées en raison de la sévère politique de zéro covid.

Certains manifestants ont également appelé Xi Jinping et le Parti communiste à se retirer, ce à quoi les autorités ont répondu par du gaz poivré et des passages à tabac, selon de multiples rapports.

Certaines autorités locales ont également annoncé un assouplissement des restrictions sanitaires, tandis que quelques universités ont interrompu les cours et ont exhorté les étudiants à rentrer chez eux dans ce qui est considéré comme une tentative d'endiguer les protestations, selon AP.