Comment Charles le mal aimé a réussi à restaurer sa popularité
Le roi Charles, qui accède au trône après la mort, jeudi, de la reine Elizabeth, est largement moins populaire que la souveraine à l'extraordinaire longévité. Le dernier sondage Yougov lui concède ainsi une cote de popularité de 42%, contre 75% pour la défunte monarque. Et en 2021, seuls 11% des Britanniques interrogés lors d'un sondage Ipsos Mori, le citaient comme leur membre de la famille royale préféré.
Charles est pourtant parvenu, ces dernières années, à restaurer son image auprès du public, catastrophique au moment de son divorce avec Diana en 1996. En 1997, à la mort de la princesse, Charles voit sa cote de popularité s'effondrer à 4%. Les années qui ont précédé, au cours desquelles le prince et la princesse de Galles se sont déchirés sous le regard avide des tabloïds et par interviews interposées, ont été très défavorable à Charles.
"Un homme d'âge moyen dans un costume gris"
A l'époque, c'est Diana qui a les faveurs du public. Elle est la "princesse des cœurs", "la princesse du peuple".
"Les médias se sont rangés derrière Diana" pour des raisons "commerciales", estimait ainsi Penny Judor, biographe de la famille royale dans le Ligne Rouge consacré à Charles en mai 2021. Une photo de Charles faisait en effet beaucoup moins vendre qu'une photo de Diana.
"Charles était un homme d'âge moyen dans un costume gris. Diana était belle, elle était jeune, elle portait des vêtements fabuleux avec une belle silhouette".
Et puis le public rend Charles responsable de l'échec de leur mariage. D'autant qu'il a reconnu, en 1994, avoir entretenu une liaison avec Camilla Parker-Bowles, son amour de jeunesse, rencontrée avant Diana et mariée à un autre.
"Les années Diana sont un boulet pour lui", expliquait ce samedi sur BFMTV Jérôme Carron, grand reporter au magazine Point de vue.
Le prince déprime mais s'accroche. Il faudra une campagne de communication bien menée pour redorer lentement son blason. Il promet de ne pas se remarier et suit pour une fois les recommandations de ses conseillers, ne se montrant pas en public avec Camilla. Mais il n'a qu'un but: la faire accepter.
"Il n'a jamais dévié de sa ligne", explique Jérôme Carron. "Il a toujours expliqué que Camilla serait une part non négociable de son existence, selon la formule qu'il a employé auprès de sa mère au moment des tensions liées au divorce entre Diana et lui".
La femme la plus détestée d'Angleterre
Après la mort de Diana, le prince de Galles se lance dans une opération de réhabilitation et engage un brillant communicant. Il emmène ses fils William et Harry en voyage officiel ou en vacances, rencontre les Spice Girls, se montre plus accessible... Quelques années plus tard, il parvient même, grâce à une bonne communication, à faire accepter Camilla Parker-Bowles, la femme la plus détestée d'Angleterre. Ils apparaissent en public pour la première fois en 1999.
"Camilla devient un nouveau produit", décryptait Marc Roche en mai 2021 dans le Ligne rouge sur Charles.
"Ce n'est plus l'ex-maîtresse, mais celle que le prince aurait dû épouser dès le départ et qu'on ne lui a pas laisser épouser par devoir d'Etat. Et il a ce droit au bonheur".
Si Camilla est parvenue, à force de travail et de patience et de discrétion, à gagner au fil des années le cœur du public, la popularité du couple reste fragile. En novembre 2020, la quatrième saison de la série The Crown, qui plonge dans les coulisses du mariage de Charles et Diana, a ainsi rouvert les plaies et ravivé l'acrimonie du public. Charles y est en effet dépeint comme le principal artisan du malheur de Diana. Insensible, cruel et froid, il laisse sa jeune épouse s'enfoncer dans dépression.
"Un calomnie"
"La façon dont Charles est représenté est une calomnie", ont d'ailleurs dénoncé, selon le Times, des amis du prince.
Quelques mois plus tard, l'interview de Meghan et Harry à Oprah Winfrey, en mars 2021, ébranle à son tour la popularité du futur roi. Le prince Harry, fraîchement installé en Californie, après avoir renoncé à ses fonctions au sein de la famille royale, y confie être "déçu" par son père et raconte que celui-ci a refusé de prendre ses appels au téléphone.
Pire, Meghan Markle accuse, sans citer qui que ce soit, la famille royale de racisme, et raconte les "inquiétudes et conversations" sur la couleur de peau de leur enfant à naître, lorsqu'elle était enceinte d'Archie, né en mai 2019. Les regards se tournent rapidement vers Charles. D'autant que Meghan Markle encense dans la même interview la reine, et qu'Oprah précise quelques jours après que ni la reine Elizabeth II ni son mari n'ont participé à ces conversations sur la couleur de peau du bébé. "Nous ne sommes pas du tout une famille raciste", assure de son côté le prince William.
"Un grand défi"
Eclipsé par la popularité du nouveau prince de Galles, son fils le prince William, le roi Charles pourrait cependant se rapprocher du public à travers son engagement en matière d'écologie.
Charles a "une chance extraordinaire de balayer toute cette image-là en étant roi, en fonction des décisions qu'il va prendre, en fonction de la manière dont il va incarner son règne", analyse Jérôme Carron. "C'est un grand défi pour lui. Le défi de l'image est peut-être le plus important. Il doit incarner ce nouveau phare monarchique, incarné auparavant par sa mère."