Le chant d’amour de Françoise Chandernagor
Chez les grands écrivains d'antan, comme George Sand, il y avait toujours un moment où il leur fallait retourner aux sources, c'est-à-dire au « pays », et se rappeler l'enfance rurale, les taillis, les chemins buissonniers. C'est ce qui arrive à Françoise Chandernagor, l'une de nos meilleures raconteuses d'histoires de l'Histoire avec L'Allée du roi,La Chambre ou sa fresque en quatre tomes, La Reine oubliée.
Méfiez-vous des apparences. Ancienne maître des requêtes au Conseil d'État, première femme sortie major de l'ENA, fille d'un ancien ministre socialiste, membre de l'Académie Goncourt, cette descendante d'un esclave indien qui lui a donné son nom pourrait passer, de loin, pour une Parisienne, marraine ultra-urbaine du Tout-État. Mais non. En fait de fille de, c'est une fille de… la Creuse, le paradis de son enfance, où elle passe avec son mari les trois quarts de son temps et compte bien être enterrée au fond de son jardin. Déjà prête, la tombe l'attend.
Un temps disparu
La Creuse est le personnage principal de L'Or des rivières, une merveille de livre qui nous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, quand on naissait à domicile, qu'on était riche de « biens immatériels » et que, pour survivre, les fils du coin montaient trois mois à Paris maçonner sur les chantiers. Avec une nostalgie qui court tout au long de ces pages, elle célèbre son « île protectrice » en nous gratifiant d'un chant d'amour à sa famille et aux paysans, sour [...] Lire la suite