Avec le changement climatique, les océans se réchauffent deux fois plus vite qu’il y a 20 ans, selon Copernicus

Le rythme de réchauffement des océans a presque doublé depuis 2005. Les vagues de chaleur marine s’étendent dans l’espace et dans le temps. Photographie d’illustration prise à Kerlouan, le 22 juin 2023.
VINCENT FEURAY / Hans Lucas via AFP Le rythme de réchauffement des océans a presque doublé depuis 2005. Les vagues de chaleur marine s’étendent dans l’espace et dans le temps. Photographie d’illustration prise à Kerlouan, le 22 juin 2023.

CLIMAT - Une chaleur inédite, cachée sous l’eau. Le rythme de réchauffement des océans a presque doublé depuis 2005, selon un rapport de l’observatoire européen Copernicus, publié ce lundi 30 septembre. Le phénomène se révèle particulièrement inquiétant : « le réchauffement de l’océan peut être considéré comme notre sentinelle du réchauffement climatique », a souligné au cours d’une visioconférence l’océanographe Karina Von Schuckmann, en présentant le rapport.

La « déforestation sous-marine » émet presque autant de CO2 que les émissions de la France chaque année

Les océans se réchauffent de 1,05 watt par m2 depuis 2005, contre 0,58 watt par m2 dans les décennies précédentes, d’après le rapport. Ces données confirment les conclusions du GIEC, qui estimait en 2019 qu’il était « probable » que le rythme de réchauffement des océans ait plus que doublé depuis 1993.

Les océans, qui couvrent 70 % de la surface terrestre, jouent un rôle crucial dans la régulation du climat. Ils absorbent environ 90 % l’excès de chaleur du système terrestre provoqué par l’activité humaine, selon le GIEC. Problème : cette absorption conduit à leur réchauffement, et plus ces eaux se réchauffent, moins elles ont de capacité à absorber le CO2, ce qui vient renforcer le cercle vicieux du réchauffement climatique global de la planète.

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Plus encore, ce réchauffement intensifie les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les ouragans et tempêtes, pouvant provoquer d’importantes inondations.

Des vagues de chaleur marines plus fréquentes, et plus longues

Ce réchauffement s’accompagne également d’une multiplication des canicules marines. Ainsi, 22 % des océans du globe ont connu au moins une vague de chaleur sévère ou extrême en 2023.

Plus étendues géographiquement, les vagues de chaleur marines ont aussi tendance à devenir plus longues, avec une durée maximale annuelle moyenne qui a doublé depuis 2008, passant de 20 à 40 jours. Dans le nord-est de la mer de Barents, « le fond (de la mer) semble être entré dans un état de vague de chaleur marine permanente », selon une étude citée par Karina Von Schuckmann.

Et en août 2022, une température record de 29,2 °C a été relevée dans les eaux côtières des îles Baléares, « la plus forte température régionale des eaux de surface en quarante ans », pointe aussi le rapport. La même année, une vague de chaleur marine dans la mer Méditerranée a pénétré environ 1 500 mètres sous la surface, illustrant comment la chaleur peut se propager sur toute la colonne d’eau.

Eau de mer corrosive, mortalité des poissons…

Les épisodes de canicule marine peuvent entraîner des migrations et des épisodes de mortalité massive d’espèces, dégrader les écosystèmes, mais aussi réduire la capacité des couches océaniques à se mélanger entre le fond et la surface, entravant ainsi la distribution des nutriments. Elles peuvent également « avoir des implications sur la productivité des poissons », impactant la pêche, a souligné Karina Von Schuckmann.

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Le rapport note aussi que l’acidité des océans, qui absorbent un quart du CO2 émis par les activités humaines, a augmenté de 30% depuis 1985. Au-dessus d’un certain seuil, l’acidité de l’eau de mer devient corrosive pour les squelettes et coquilles des coraux, moules, huîtres, etc. Ce seuil, considéré comme une « limite planétaire », devrait être franchi « dans un avenir proche », selon un rapport publié la semaine dernière par le Postdam Institute for climate impact research (PIK).

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