Champigny-sur-Marne: plusieurs manifestations de policiers organisées ce lundi

Des policiers à Calais, le 23 juin 2017 - PHILIPPE HUGUEN © 2019 AFP
Des policiers à Calais, le 23 juin 2017 - PHILIPPE HUGUEN © 2019 AFP

Deux jours après l'attaque au mortier d'artifice du commissariat de Champigny-sur-Marne, la colère gronde de nouveau chez les forces de l'ordre. Ce lundi matin, ils étaient plusieurs dizaines de policiers a manifester devant la préfecture de police de Paris, à l'appel de plusieurs syndicats, afin de montrer leur mécontentement quant à leurs conditions de travail.

A l'antenne de BFMTV, Rocco Contento, délégué du syndicat Unité SGP Police, détaille les raisons de la grogne de ses collègues. Pour lui, ce rassemblement est un signal d'alarme à l'intention des "autorités de tutelle", à savoir le président de la République, qui doit les recevoir jeudi, ainsi que le ministre de l'Intérieur.

"Il faut que le citoyen sache que le policier est le dernier rempart républicain. Lorsqu’il n’y a plus de République, il reste la Police nationale, mais il faut la soutenir, lui donner des moyens pour travailler. Malheureusement, ce n’est pas encore le cas aujourd’hui. On fait monter la pression, on ne s’interdit pas en fonction des annonces qui sont faites de continuer ce mouvement et de le faire monter crescendo. La balle est dans le camp du ministre de l’Intérieur et du président de la République", détaille-t-il.

Rassemblement à Champigny-sur-Marne

Toujours ce lundi, un autre rassemblement d'une centaine de policiers a eu lieu devant le commissariat de Champigny-sur-Marne. Derrière une banderole "notre sécurité a un prix", plusieurs dizaines de membres des forces de l'ordre ont brandi devant la presse des pancartes sur lesquelles ils apparaissent comme des cibles.

"On est là pour dire 'stop', 'ras-le-bol', on veut que le gouvernement prenne des mesures fortes pour nous protéger", explique à l'AFP Bruno Angelo, secrétaire régional adjoint d'Unité SGP Police Paris.

"Ce qui s'est passé samedi soir, c'est la goutte d'eau. Depuis les attentats de Charlie Hebdo, on ne cesse d'être sur le terrain, d'être le rempart de la République, il faut aujourd'hui qu'il y ait de véritables sanctions pénales", ajoute-t-il. "Si ces jeunes voyous sont sanctionnés à la hauteur de leurs actes, ils y penseront à deux fois avant de recommencer."

Souhaitant garder l'anonymat devant la presse présente pour l'occasion, plusieurs policiers affectés ont fait état de leur quotidien. "C'est très pesant on doit cacher notre fonction, on se demandait entre nous ce (lundi) matin s'il fallait désormais la cacher à nos enfants pour ne pas qu'ils soient embêtés à l'école. Ce n'est pas normal."

"Il faut être beaucoup plus ambitieux"

En ce qui concerne encore cette attaque, qui est survenue moins de trois jours après l'agression de deux enquêteurs de la police judiciaire de Cergy-Pontoise à Herblay dans le Val-d'Oise, Rocco Contento estime que les mesures prises par Gérald Darmanin ne sont pas suffisantes. Le ministre de l'Intérieur a annoncé dimanche soir l'encadrement de la vente des mortiers d'artifice.

"Ce n'est pas une solution. Ce qu'on peut regretter, c'est que le ministère de l'Intérieur est en réaction. Il faut qu’il y ait un problème pour que le ministère réagisse. Il faut une réforme digne de ce nom. [...] L’interdiction des mortiers, c’est très bien, mais on sait pertinemment que tout le monde pourra s’en procurer sur les sites internet. Il faut aller au-delà de ça, être beaucoup plus ambitieux", estime-t-il.

Sur les annonces de Jean Castex, qui souhaite l'embauche de 10.000 nouveaux policiers d'ici deux ans et la fin du quinquennat, le syndicaliste y voit "un signe positif." Pour autant, il a tempéré ce chiffre par un argument d'ordre démographique:

"En 2007, on avait 60 millions d’habitants en France avec 101.000 policiers. Aujourd’hui, en 2020, nous avons 67 millions d’habitants pour le même nombre de policiers. C’est bien d’apporter des effectifs supplémentaires, mais il ne faut pas oublier qu’il y a une évaporation avec les départs en retraite. Il y a des commissariats exsangues en effectifs en petite couronne et en province", conclut-il.

Article original publié sur BFMTV.com