Ces champignons ont un gros génome qui leur donnerait un atout majeur dans la nature
Cette famille de champignons décomposeurs de la litière des sous-bois est présente des régions subtropicales aux zones arctiques. Une faculté d’adaptation écologique qui pourrait bien s’expliquer par la taille de leur génome, le plus imposant de ce règne.
Le genre Mycena est présent sous tous les climats. Il comprend plus d’un millier d’espèces, spécialisées dans la dégradation des débris de feuilles et d’aiguilles et du bois mort. Parfois, ils poussent sur l’écorce des arbres vivants. Ils font partie de la classe des Agaricomycètes à laquelle appartient le champignon de Paris.
"Ces saprotrophes décomposent des substrats très variés, les uns colonisent les débris végétaux de la litière, les autres le bois mort, mais ce qui est intéressant, c'est que 10 à 15% d’entre eux sont capables de coloniser les racines des plantes et se comportent ainsi comme des champignons symbiotiques ou pour le moins endophytes", détaille Francis Martin, chercheur à l’UMR "interaction arbres-microorganismes" de Nancy (INRAE-Université de Lorraine) et co-auteur de l’article qui vient d’être publié dans la revue Cell Genomics.
Comment ces champignons peuvent-ils s’adapter à des climats aussi opposés ?
C’est cette plasticité qui a intéressé les chercheurs. Comment ces champignons peuvent-ils s’adapter à des climats aussi opposés ? Et comment peuvent-ils adopter des modes de vie aussi différents ?
En collaboration avec le Joint Genome Institute américain, l’équipe internationale a séquencé le génome de 24 espèces de mycènes parmi lesquels six types de décomposeurs : des généralistes de tout type de litière, des généralistes du bois, des généralistes de la litière de prairie, des décomposeurs spécialisés dans les feuillus, d’autres dans les conifères. Et trois espèces des régions arctiques ont été inclus.
Des génomes énormes qui aident à s'adapter à tous types de conditions de vie
Le travail a pris plus de temps que prévu car les mycètes sont difficiles à cultiver en dehors de leur milieu naturel. De plus, les chercheurs sont tombés sur une grosse surprise : les mycènes ont des génomes énormes ! "Nous étions habitués à séquencer des génomes de champignons saprotrophes constitués de 10 à 15.000 gènes, raconte Francis Martin. Mais le génome de plu[...]