Le taux de chômage sous les 9% au quatrième trimestre 2018

Le taux de chômage en France a nettement baissé au quatrième trimestre 2018, pour s'établir à 8,8% de la population active, son plus bas niveau depuis 2009, a annoncé l'Insee jeudi. /Photo d'archives/REUTERS/Régis Duvignau

PARIS (Reuters) - Le taux de chômage en France a nettement baissé au quatrième trimestre 2018, pour s'établir à 8,8% de la population active, son plus bas niveau depuis 2009, a annoncé l'Insee jeudi.

Ce recul de 0,3 point constitue une surprise pour les économistes qui tablaient sur un taux de chômage stable par rapport à celui de 9,1% annoncé pour le troisième trimestre 2018. Le taux de 8,8% s'entend au sens du Bureau international du travail et pour toute la France hors Mayotte.

"C'est la première fois depuis 10 ans qu'il passe en dessous de 9%", a souligné sur Twitter la ministre du Travail Muriel Pénicaud. "C'est une bonne nouvelle. Le chômage de masse n'est pas une fatalité en France".

En France métropolitaine, le taux de chômage a également baissé de 0,3 point, pour tomber à 8,5% de la population active. Le nombre de chômeurs a diminué de 90.000 au quatrième trimestre 2018 et s'établit à 2,5 millions de personnes.

Le taux de chômage n'est toutefois pas encore revenu à son niveau d'avant la crise financière de 2008 (7,2% France entière et 6,8% France métropolitaine).

Le taux d'emploi augmente de 0,2 point dans la tranche des 15-64 ans et, à 66,1%, atteint son plus haut niveau depuis 1980, souligne à Reuters Sylvain Larrieu, chef de division synthèse et conjoncture du marché du travail à l'Insee.

La baisse du taux de chômage est particulièrement forte pour les jeunes, précise l'Institut national de la statistique, en particulier chez les hommes de 15 à 24 ans (-3,6 points d'un trimestre sur l'autre, à 18,6%).

Les secteurs de l'informatique, de la logistique (livraisons grâce au développement d'internet, entreposage, etc.) recrutent, souligne Sylvain Larrieu.

CONTRADICTION

Cette amélioration est toutefois à prendre avec prudence, estime Eric Heyer, directeur à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Il souligne les "très bons chiffres" du quatrième trimestre - "toutes les catégories en profitent et en plus c'est de l'emploi de qualité en CDI et à temps plein", dit-il à Reuters.

Le taux d'emploi à temps complet s'établit à 54,4%, une hausse de 0,3 point par rapport au troisième trimestre et de 0,5 point sur un an. Il atteint son plus haut niveau depuis 2003, début de cette série trimestrielle.

Mais, ajoute Eric Heyer, cette embellie semble être en contradiction avec les 16.200 créations nettes d'emplois annoncées par l'Insee la semaine dernière dans le secteur privé.

"Comment peut-on faire reculer de 90.000 le nombre de chômeurs, alors qu'il n'y a eu que 16.000 créations de postes au quatrième trimestre?", s'interroge l'économiste en rappelant que le secteur public créée peu d'emplois.

Il anticipe de ce fait une possible révision ou correction au premier trimestre 2019, comme cela avait été le cas au début 2018.

En revanche, les chiffres du chômage sur un an lui paraissent plus cohérents : le taux de chômage en France métropolitaine a diminué de 0,1 point, avec 40.000 demandeurs d'emplois en moins sur un an.

La décrue de 2018 est elle-même à relativiser par rapport aux 300.000 demandeurs d'emplois en moins recensés en 2017 et va de pair avec le ralentissement économique constaté.

Autre bémol, le chômage de longue durée (plus d'un an), qui concerne 990.000 personnes, est stable à 3,4% de la population active.

De même, souligne l'Insee, 5,8% des personnes qui travaillent sont sous-employées. Il s'agit principalement de personnes à temps partiel souhaitant travailler davantage, précise l'institut.

(Danielle Rouquié, édité par Yves Clarisse)