"Chère voiture", la chronique de Teresa Cremisi

Chère voiture (ou chère automobile, auto, guimbarde, caisse, bagnole…), cela fait un certain temps que je pense à toi avec des sentiments contrastés. En ce moment tu m'énerves, tu passes ton temps au parking (bien obligée vu l'état de la circulation en ville), ta batterie se décharge, tes compteurs affichent des chiffres de jeune fille alors que tu as un âge respectable, je te sors un peu le soir pour m'éviter le métro, on ne va jamais bien loin, j'hésite même à te lancer sur l'autoroute parce que contrôler la pression de tes pneus est une épreuve dans des stations-service de plus en plus exiguës. Bref tu mènes une vie de fainéante, de coûteuse endormie.

Mais je ne suis pas ingrate. Pour tous ceux dont l'enfance ou la jeunesse s'est déroulée entre les années cinquante et le début des années quatre-vingt-dix, tu as été une joyeuse et tonique compagne. Il suffit de regarder les photos de cette époque. On conduisait en maillot de bain, on embarquait les amis pour des périples aventureux, on chargeait des flopées d'enfants hilares, on s'asseyait sur les valises entassées à l'arrière, on chantait à tue-tête des rengaines émouvantes, on remplissait le coffre de cartons de vin, paniers de champignons, bottes en caoutchouc. Tu étais de toutes les vacances. Les voitures ne se ressemblaient pas entre elles, on discutait en famille des avantages des unes ou des autres, de la couleur des sièges ou de la carrosserie ; leurs beauté et élégance étaient comparées.

 

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Tu ne seras jamais plus ...


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