C'est le film le plus émouvant de David Lynch et il peut certainement changer votre vie
La mort d’un grand cinéaste ravive toujours de nombreux souvenirs. Celle de David Lynch, à l’âge de 78 ans, en est la preuve ultime. Des milliers d’hommages et de déclarations fleurissent sur les réseaux sociaux, témoignant de l’impact du réalisateur dans la vie de nombreux passionnés.
Certains, certaines, se remémorent l’étrangeté de son Eraserhead; la poésie macabre d’un Blue Velvet; les personnages loufoques et attachants du monde de Twin Peaks ou encore l’épopée cosmique que fut Dune, son seul et unique blockbuster.
Le film le plus humain de David Lynch
Quand je pense à David Lynch, mon esprit se tourne toujours vers Elephant Man. Je l’ai découvert très jeune, à l’occasion d’une diffusion télévisuelle lorsque j’étais en cinquième. Je m’étais immédiatement passionné pour le destin tragique de cet homme, Joseph Merrick, dont le visage déformé par des excroissances l'exclut du reste de la société.
J'étais loin de me douter que celui que l'on surnommait "l'homme éléphant" avait réellement existé et que le mal dont il souffrait portait un nom : le syndrome de Cloves. En 2024, un professeur français, Guillaume Canaud, met au point un traitement pour lutter contre cette maladie.
Considéré comme le film le plus “classique” de la carrière de David Lynch, Elephant Man est aussi vu comme le plus délicat et le plus poignant de tous. Son ode à la différence et au respect ne connaît aucune frontière et résiste à l’épreuve du temps.
Toute sa force est immortalisée dans une réplique devenue emblématique, prononcée au point culminant du film : "Je ne suis pas un éléphant, je ne suis pas un animal, je suis un être humain, je suis un homme."
Le pire et le meilleur de chacun
J’avais été ému par la compassion du docteur joué par Anthony Hopkins mais aussi terrorisé par les scènes de cruauté, notamment celle où des habitants du quartier font irruption dans la chambre de Joseph Merrick (John Hurt) pour l’asperger d’alcool et le malmener comme un pantin.
Je prenais, à cet instant, réellement conscience de la notion d'injustice et du degré de brutalité dont l’Homme pouvait être capable - même si l’ambiance de la cour d’école donnait déjà une petite idée.
Avec les années, Elephant Man est toujours resté dans un coin de ma tête. C'est en grandissant, et à travers plusieurs visionnages - souvent douloureux -, que j'en ai appris davantage sur son héritage.
C'est notamment grâce au classique de David Lynch que la cérémonie des Oscars a créé une catégorie consacrée au meilleur maquillage. Le prix est mis en place dès 1982 et c'est Le Loup-garou de Londres qui devient le premier film récompensé.
Je me souviens de mon émotion lorsque, durant un voyage à New York, je découvris que les prothèses créées par Christopher Tucker étaient exposées au Museum of the Moving Image dans le Queens. L'acteur John Hurt devait rester immobile pendant plus de sept heures pendant l'application.
La France adore Elephant Man
Si, malgré ses huit nominations, Elephant Man n'a jamais reçu d'Oscar, la France, elle, avait su honorer l'œuvre de David Lynch en lui décernant le César du meilleur étranger en 1982. Un an auparavant, près de 2,5 millions de Français s'étaient déplacés dans les salles pour voir le film.
Comme tant d’autres, j'ai tiré d’Elephant Man une importante leçon qui m’accompagne encore aujourd’hui. La disparition de David Lynch, qui avait su transposer ce récit avec une sensibilité unique, est l’occasion idéale pour le (re)voir et apprécier son immense richesse humaine.
Elephant Man de David Lynch est disponible en VOD, DVD et Blu-ray
Le film est diffusé ce samedi 18 janvier à 21h sur Paris Première