"Si c'est trop dur, tais-toi": après la polémique Mélenchon, la féministe Caroline de Haas lui répond

La militante féministe est revenue sur les différents propos de Jean-Luc Mélenchon concernant Adrien Quatennens. Indiquant qu'"il faudra" que l'insoumis fasse mieux à l'avenir, elle l'invite à respecter plusieurs principes, comme celui de ne pas "alimenter les mécanismes de violence".

"Tes prises de parole et celles de plusieurs personnes de ton entourage ont été une déflagration". Une fois l'orage passé, l'explication. Plus d'une semaine après que Jean-Luc Mélenchon a salué le "courage" et la "dignité" d'Adrien Quatennens, alors que celui-ci reconnaissait des gestes violents envers son épouse, Céline Quatennens, et annonçait se mettre "en retrait" de ses fonctions de coordinateur de La France insoumise (LFI), Caroline de Haas prend la plume dans un billet de blog sur Médiapart.

La militante féministe, qui a soutenu Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle, exprime ses désaccords avec le tribun insoumis au sujet du cas Adrien Quatennens, visé par une enquête du parquet de Lille pour "violences par conjoint" après que Céline Quatennens a déposé une main courante.

"Il faudra" faire mieux

Selon elle, l'insoumis a envoyé plusieurs messages. "C'est plus compliqué vous comprenez", pour "toutes les femmes qui ont été giflées". "Vous n'êtes pas grand-chose", pour toutes les "militantes féministes". Enfin, aux "hommes qui ont giflé": "ils sont dignes et tu leur envoie leur affection", analyse Caroline de Haas en s'adressant à Jean-Luc Mélenchon.

Sur France 2, samedi, celui qui a terminé troisième lors de la dernière présidentielle, a fait un mea-culpa à sa manière: "Tout le monde peut faire mieux, moi aussi", a-t-il concédé. "Il faudra", l'avertit Caroline de Haas. "Il y aura d’autres histoires de violences dans les semaines, mois ou années qui viennent. Comment je le sais? Parce que les violences sexistes et sexuelles sont massives, structurelles, présentes partout", souligne-t-elle.

La fondatrice du cabinet Egae, qui dispense notamment des formations pour détecter les violences sexuelles et sexistes, invite Jean-Luc Mélenchon à respecter plusieurs "principes" à l'avenir. D'abord, ne pas "alimenter les mécanismes de violence". Et ainsi, d'éviter, "la banalisation, l’inversion de la culpabilité ou le fait de valoriser les auteurs de violences pour assurer leur impunité".

"Tais-toi"

Par exemple, indique la féministe, "parler de "divorce conflictuel" [...] c'est expliquer qu'il s'agit donc d'une dispute qui a mal tourné", alors qu'Adrien Quatennens "reconnaît pourtant avoir giflé son ex-femme, l'avoir harcelée et lui avoir pris de force son téléphone". Il ne s'agit donc pas de "conflits", mais de "violences". Et Caroline de Haas d'insister: "Le seul et unique responsable de la situation, c’est celui qui a maltraité son ex-conjointe."

Elle invite ensuite l'insoumis à "assumer ses responsabilités sans faire diversion". "Ton rôle était de veiller à ce que la chape de plomb de silenciation des victimes, ne se referme pas un peu plus. En soutenant un homme qui a giflé sa femme, tu as fait exactement l’inverse", lui indique-t-elle.

Caroline de Haas estime, enfin, que Jean-Luc Mélenchon ne "doit pas conditionner [s]es prises de parole à [s]es amitiés. Sur France 2, le leader de LFI a de nouveau loué les qualités d'Adrien Quatennens, un "jeune homme extraordinairement brillant" que "vous ne pouvez pas m'interdire d'aimer. "Si c’est trop dur parce que l’intime et le politique sont trop mêlés, tais-toi. Tout simplement", écrit Caroline de Haas.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Jean-Luc Mélenchon lâché par les jeunes ?