"C'est trop choquant!": David Cronenberg secoue Cannes avec son film "Les Crimes du futur"

Le nouveau film du maître de l'horreur, en sélection officielle, a choqué certains spectateurs, qui ont préféré quitter la salle en pleine projection.

David Cronenberg n'a pas failli à sa réputation de pape du gore avec la présentation à Cannes des Crimes du Futur, où il pousse plus loin que jamais son obsession pour le corps et ses viscères.

Le film, dans un futur indéterminé "post-catastrophe", un monde en ruine où la douleur a été abolie, met en scène l'acteur fétiche du réalisateur, Viggo Mortensen (A History of Violence, Les Promesses de l'ombre). Cette fois dans la peau d'un artiste performeur très particulier, Saul.

Ses créations? Des tatouages réalisés à vif sur ses organes internes, au cours d'opérations chirurgicales menées en public. Mot d'ordre: "la chirurgie, c'est le nouveau sexe".

Séquence d'ouverture choc

Le scalpel est manié par Caprice, interprétée par une Léa Seydoux au visage de cire, tandis qu'un nébuleux service de police, le Bureau du Registre National des Organes, représenté par Kristen Stewart, les surveille à distance.

Dès la séquence d'ouverture, les âmes sensibles seront éprouvées: on y voit un enfant croquer dans une chaise en plastique comme dans une tablette de chocolat, avant d'être assassiné, étouffé sous un coussin, par sa mère.

"J'ai peur de faire des cauchemars"

Dans une interview accordée à Deadline au début du mois, le cinéaste de 79 ans avait prédit le départ de plusieurs spectateurs "après les cinq premières minutes du film". Il a vu juste: selon le journaliste du New York Times Kyle Buchanan, une quinzaine de personnes ont quitté la salle en pleine projection.

"C'est d'une violence pas uniquement physique, mais aussi psychologique", a déclaré sur BFMTV un festivalier qui a préféré partir avant la fin du film. "C'est trop choquant! Je n'arrive pas à m'exprimer, parce que j'ai tellement peur. J'ai peur de faire des cauchemars", ajoute une autre spectatrice, encore sous le choc.

"Mon intérêt n'est pas de choquer et mon but n'est pas que les gens quittent la salle, mais ça peut arriver", a déclaré à l'AFP le réalisateur. "Le film va provoquer des sensations physiques", a indiqué de son côté Léa Seydoux sur BFMTV. "Et je pense que c'est le but de David. Le cinéma est une expérience sensorielle."

A propos de la choquante scène d'ouverture, Cronenberg avait déclaré aux Inrocks il y a quelques semaines: "Il s'agit pour moi d'emmener mon spectateur dans un voyage vers l'étrange, vers ce qui me perturbe, ce que j'ai découvert et compris dans cette étrangeté." La proposition a malgré tout séduit: le film a été ovationné hier soir.

Le parfum de souffre qui entoure le réalisateur de 79 ans n'est pas nouveau: dès ses débuts en compétition, en 1996, il faisait scandale, divisant la critique mais remportant un Prix spécial du jury, avec Crash. Ce film, fait de sexe, violence et accidents de voiture, a inspiré Titane de Julia Ducournau, la Palme d'or 2021.

Article original publié sur BFMTV.com

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