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"C'est une boucherie", un médecin franco-ukrainien présent à Bakhmout témoigne de son quotidien

Arsène Sabanieev, médecin anesthésiste-réanimateur franco-ukrainien, le 7 décembre 2022  - BFMTV
Arsène Sabanieev, médecin anesthésiste-réanimateur franco-ukrainien, le 7 décembre 2022 - BFMTV

Une "boucherie" où les blessés se succèdent par centaines à longueur de journée. Depuis maintenant plusieurs jours et alors que les forces de Kiev ont libéré Kherson, la ligne de front en Ukraine s'est stabilisée dans l'Est, et les combats les plus violents se concentrent autour de la ville de Bakhmout, que les Russes tentent de prendre depuis plusieurs mois.

Membres arrachés, visages défigurés

Auprès de BFMTV, Arsène Sabanieev, médecin anesthésiste-réanimateur franco-ukrainien dépeint son quotidien sur place. En poste en France au début du conflit, il s'est porté volontaire auprès de l'armée ukrainienne pour soigner les soldats blessés, au plus près du front.

"C’est une boucherie. La quantité de personnes blessées qui arrive quotidiennement est immense. Il y a à peu près 100 à 150 blessés minimum par jour, parfois 200, 250 ou 300 pour des équipes médicales réduites. Ils sont dans des états très graves, des membres arrachés, des visages défigurés. C’est de la médecine assez intense", détaille-t-il dans un premier temps.

D'un point de vue strictement médical, Arsène Sabanieev souligne que les blessures les plus répandues sont dues à l'artillerie utilisée par les Russes:

"90% du temps ce sont des éclats d’obus, l’artillerie, et 10% des traumatismes liés à l’onde de choc que provoque l’explosion. Je n’ai pas vu en trois semaines de blessures par balles."

"Nous sommes à 5 min du front en pick-up, les militaires et les civils arrivent, notre but est de les stabiliser, qu’ils ne meurent pas dans l’heure, pour les amener dans des hôpitaux situés à une heure de route de ce poste médial pour qu’ils puissent être pris en charge de façon adéquate par des chirurgiens", dévoile-t-il encore.

"Les titans"

Lui-même équipé d'un gilet pare-balles, d'un porte-plaque, d'un casque et de protections pour les oreilles, le médecin assure n'avoir soigné que "des hommes de tout âge."

"On les appelle les titans, des gens dans des conditions extrêmes, des véritables héros. En trois semaines, je n'ai jamais entendu un médecin, soldat, ou civil parler de négociation, capitulation ou essayer de trouver un compromis. Nous sommes là-bas et nous irons jusqu’au bout, nous savons le prix que nous payons, qui est immense. C’est un sacrifice nécessaire à la survie de l’Ukraine", martèle-t-il.

En guise de conclusion, Arsène Sabanieev tient à rappeler que "la guerre a commencé en 2014" mais que la mobilisation, en particulier de la diaspora ukrainienne en France, s'est révélée difficile. "Personne ne nous écoutait, car en France, la gangrène pro-russe est bien installée", tacle-t-il.

Article original publié sur BFMTV.com