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"C'est pas Bagdad ici, réveillez-vous!", s'emporte un imam à Conflans-Sainte-Honorine

"C'EST PAS BAGDAD ICI, RÉVEILLEZ-VOUS!", S'EMPORTE UN IMAM À CONFLANS-SAINTE-HONORINE

par Antony Paone

CONFLANS-SAINTE-HONORINE, Yvelines (Reuters) - L'imam Hassen Chalghoumi a appelé lundi les musulmans de France à "se réveiller" et à rejeter l'islamisme, "poison" de la religion, trois jours après l'assassinat d'un professeur de collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).

Accompagné de plusieurs autres personnalités musulmanes, l'imam de Drancy (Seine-Saint-Denis) a déposé un bouquet de roses blanches devant le collège du Bois d'Aulne où enseignait Samuel Paty, décapité vendredi par un jeune d'origine tchétchène qui lui reprochait d'avoir montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves.

"Il faut une justice à la hauteur de ce crime, ferme, et en même temps, j'aimerais avoir des milliers de musulmans de France qui sont là avec des bougies, qui pleurent avec ces familles", a déclaré Hassen Chalghoumi.

"Ils ont décapité la tête d'un homme en pleine rue à Paris, pas à Bagdad! Réveillez-vous, c'est votre avenir qui est en jeu!", s'est-il emporté en interpellant l'ensemble des musulmans, notamment "les recteurs de mosquées, les imams, les parents, les responsables associatifs".

"Décapiter un homme pour une caricature, c'est pas l'islam, c'est pas la religion, c'est l'islamisme, c'est le poison de l'islam", a poursuivi celui qui préside la Conférence des imams de France, qu'il a fondée en 2009 pour tenter - sans succès - de créer une instance théologique représentative.

Personnalité controversée dans la communauté musulmane, Hassen Chalghoumi a notamment ferraillé par le passé avec le militant islamiste franco-marocain Abdelhakim Sefrioui, auteur d'une des vidéos virales dans laquelle le père d'une élève de Samuel Paty l'accusait d'avoir "insulté" l'islam, ce qui vaut aux deux hommes d'avoir été placés en garde à vue.

En 2010, en pleine polémique sur l'adoption de la loi interdisant le port du voile intégral dans l'espace public, Abdelhakim Sefrioui avait tenté d'obtenir le renvoi d'Hassen Chalghoumi de la mosquée de Drancy. Ce dernier avait par la suite affirmé avoir été placé sous protection policière.

"La manipulation islamiste est forte", a souligné l'imam lundi à Conflans-Sainte-Honorine, en félicitant le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, de vouloir dissoudre le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), vers lequel renvoyait les vidéos incriminant Samuel Paty.

"On n'en peut plus de ce discours victimaire. On veut un discours responsable, citoyen. On (les musulmans) a les mêmes droits que tout le monde en France", a clamé Hassen Chalghoumi.

Interrogé par un journaliste sur l'opportunité de continuer à montrer des caricatures de Mahomet, il a répondu "oui", au nom de la liberté. Samuel Paty, a-t-il dit, était "un homme sage" qui enseignait "la tolérance, la civilisation et le respect de l'autre. C'est un martyr de la liberté."

(Ecrit par Tangi Salaün)