"C'est anti-redistributif": le seul député qui a voté contre la déconjugalisation de l'AAH s'explique

"C'est anti-redistributif": le seul député qui a voté contre la déconjugalisation de l'AAH s'explique
Le député-médecin Thomas Mesnier, en septembre 2019. - Eric Feferberg
Le député-médecin Thomas Mesnier, en septembre 2019. - Eric Feferberg

Les raisons de l'unique "non". Mercredi, lors du troisième jour de l'examen du projet de loi sur le pouvoir d'achat, l'hémicycle a brièvement mis de côté ses désaccords pour s'offrir un moment d'unité. À 428 voix pour sur 429 ils ont voté pour des amendements identiques demandant la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé (AAH).

Une seule voix dissonnante a perturbé cet instant de communion parlementaire: celle du député Horizons Thomas Mesnier.

Tandis qu'oppositions et majorité célèbrent encore ce jeudi leur victoire commune, le député charentais déroule sur Twitter un long thread pour expliquer son vote négatif.

"J’ai voté contre l’amendement visant à déconjugaliser l’allocation adulte handicapé la nuit dernière. Je m’en explique (...) Que les choses soient claires, ce n’est absolument pas un vote contre les personnes en situation de handicap, contre l’amour", prévient-il.

"Cela va bénéficier aux personnes les plus aisées"

"La déconjugalisation est une atteinte à nos principes de solidarité", affirme-t-il parmi les sept raisons qu'il l'ont poussé à se prononcer contre.

"Déconjugaliser l’AAH, c’est la porte ouverte à la déconjugalisation d’autres prestations sociales, le minimum vieillesse, le RSA et d’autres", prédit Thomas Mesnier. "Ce n’est pas notre modèle (...) de solidarité à la française, (...) de solidarité nationale, familiale et conjugale", explique-t-il.

Le député du parti d'Édouard Philippe craint une mesure qui engendrerait "de fortes dépenses supplémentaires pour nos finances publiques" et qui bénéficierait "aux personnes les plus aisées". Thomas Mesnier dénonce un changement "anti-redistributif".

Plutôt favorable "à une refonte globale"

L'homme politique se dit toutefois "profondément favorable à une refonte globale du système AAH et des prestations liées au handicap" mais est plutôt favorable à "un débat et une loi dédiée, globale, structurelle".

"Beaucoup plus qu’un amendement écrit en quelques jours, voté dans la nuit, dans un texte dédié à autre chose", se justifie-t-il.

S'il avait voté pour cet amendement, le député estime qu'il aurait participé à entretenir une confusion entre l'examen d'un texte "conjoncturel là où la mesure de déconjugalisation de l’AAH est profondément structurelle.

Article original publié sur BFMTV.com