Sous certaines conditions, une créature marine peut inverser son processus de vieillissement
En plus d’être petit et gélatineux, presque entièrement transparent, et potentiellement envahissant, Mnemiopsis leidyi, qu’on appelle aussi “noix d’eau”, ressemble à une méduse sans en être une. Mais, surtout, il possède une caractéristique étonnante. “Quand les temps sont durs [si la nourriture vient à manquer, par exemple], cet invertébré translucide inverse son processus de vieillissement pour revenir au stade de polype. Lorsque la situation s’améliore, il recommence une nouvelle vie”, rapporte Science.
La revue scientifique américaine se fait l’écho d’une étude mise en ligne sur la plateforme bioRxiv, qui n’est pas encore passée par un comité de lecture. Ce cténophore n’est pas la seule créature connue pour inverser son processus de vieillissement. Les biologistes en ont déjà trouvé deux autres : Echinococcus granulosus, un ver parasite de l’intestin grêle du chien, et Turritopsis dohrnii, aussi appelé “méduse immortelle”.
Même si Turritopsis dohrnii et Mnemiopsis leidyi sont des créatures marines qui se ressemblent, ils ne se conduisent pas de la même manière dans cet étrange processus. À mesure qu’elle “rajeunit”, la méduse immortelle voit ses cellules perdre leur identité, fusionner en une sorte de kyste et se redifférencier en polype qui libère une colonie de nouvelles méduses. Ainsi, ce n’est pas exactement le même organisme qui rajeunit et redevient adulte.
“Comme s’il remontait le temps”
Mais pour ce qui est de la noix d’eau, c’est différent. La désintégration cellulaire observée chez Turritopsis dohrnii ne se produit pas. Joan Soto-Angel, l’un des deux coauteurs de l’étude, assure : “Il est clair que c’est exactement le même individu qui rajeunit, comme s’il remontait le temps”, puis redevient adulte.
Yoshinori Hasegawa, zoologue à l’Institut de recherche sur l’ADN de Kazusa, au Japon, qui n’a pas participé aux travaux, se demande, lui, si Mnemiopsis leidyi inverse réellement son horloge biologique. Pour lui, il s’agirait plutôt d’un rajeunissement imparfait. Reste que cette découverte démontre que des capacités de régénération sont possibles. Et d’autres créatures en sont sûrement dotées. Reste à les trouver. Partageront-elles leurs secrets avec les humains en quête de jeunesse éternelle ?
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