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«Une certaine rencontre», après-coup d’un soir

La subtile comédie romantique de Robert Mulligan autour d’un avortement clandestin dans l’Amérique puritaine ressort en salles en version restaurée.

Rocky Papasano, un jazzman indolent, porté par un Steve McQueen au cool légendaire, s’ennuie gentiment auprès d’une Barbie qui le bichonne un peu moins que ses toutous. Un matin, alors qu’il pointait au syndicat des musiciens, une jeune femme à la beauté fiévreuse, Angie - jouée par une Natalie Wood d’une impressionnante justesse - l’aborde au milieu de la cohue pour lui annoncer qu’elle est enceinte. Echange de regards : gênés et désinvoltes du garçon, qui prétend ne pas la reconnaître ; fiers et graves de la fille, qui n’attend rien de cet amant d’une nuit, sinon qu’il lui trouve un médecin pour avorter. Contre toute attente, le séducteur ne se défilera pas, partageant les frais et l’angoisse fébrile.

Nudité fragile. Aventure sexuelle, grossesse hors mariage, avortement clandestin… L’entrée en matière osée d’Une certaine rencontre (1963) de Robert Mulligan avait de quoi choquer une Amérique où le sexe était encore tabou, la frustration de mise et l’IVG illégale. Mais l’audace du scénario ne serait rien sans le trait sensible de Mulligan, cinéaste sous-estimé, hormis quelques succès -Du silence et des ombres, Un été 42… - où son regard intimiste sur les tourments de l’enfance se parait d’un classicisme discret et élégant.

Invisible depuis les années 60, Une certaine rencontre, qui ressort sur les écrans en version restaurée, aurait pu se contenter de tenir la note grave d’un drame social où le sordide des situations n’est pas épargné - l’attente du médecin dans une rue déserte de New York, devant un ancien abattoir désaffecté, la nudité fragile d’Angie face à la faiseuse d’anges… Mais le film serait alors passé à côté de son vrai sujet : à savoir la soif d’indépendance de la jeune fille qu’accompagnent le vertige et l’effroi d’une liberté difficilement conquise. Ou comment émancipation sexuelle et désir d’autonomie sont (...)

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