Un “cercle de feu” : l’Inde s’inquiète de ses turbulents voisins

“On choisit ses amis, mais pas ses voisins”, annonce d’emblée l’éditorial de l’hebdomadaire India Today en date du 19 août. Le magazine, dont la ligne éditoriale, volontiers nationaliste, est proche du parti au pouvoir, affiche une couverture choc : on y voit, au centre, le Premier ministre indien Narendra Modi, entouré des dirigeants des sept pays limitrophes de l’Inde : Chine, Maldives, Birmanie, Bangladesh, Népal, Sri Lanka et Pakistan. À l’arrière de ce montage photo, des flammes semblent embraser la page, en écho au titre qui assimile ces “voisins” à un “cercle de feu” à propos duquel “l’Inde devrait s’inquiéter”. On notera au passage que le Bhoutan, huitième voisin de l’Inde, n’est pas présent sur la une.

Cette couverture présente une autre incongruité : la seule femme présente, la Première ministre bangladaise, Sheikh Hasina, vient de voir “son règne de plus de quinze ans” connaître “une fin ignominieuse à la suite d’un soulèvement étudiant”. Elle a fui le pays, direction l’Inde, justement, le 5 août. Cet épisode inspire cette maxime à Aroon Purie, le rédacteur en chef d’India Today, qui signe l’éditorial :

“En diplomatie, mettre tous ses œufs dans le même panier est une folie.”

Or l’Inde, soutien inconditionnel de l’ex-Première ministre bangladaise, a “misé lourdement sur l’apparente invincibilité de Sheikh Hasina et elle en paie désormais le prix, poursuit l’éditorialiste. La position monochrome de l’Inde a été vivement critiquée et, avec l’éviction de Hasina, nous sommes considérés comme les ‘ennemis du peuple’ au Bangladesh.”

Obsession chinoise

La remarque est d’autant plus brûlante que “l’Inde est entourée d’autres voisins en difficulté”. Au Sri Lanka, où “un schéma de troubles civils suivi d’un changement de régime” a été observé en 2022. Au Pakistan, d’où “l’exportation de terroristes à travers la ligne de contrôle se poursuit sans relâche” – une antienne de la droite nationaliste indienne, qui considère son voisin et frère ennemi comme un repaire de terroristes. En Birmanie, où “la junte au pouvoir est en proie à une guerre civile sanglante qui a vu le régime perdre le contrôle de la moitié de son territoire”.

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