Centrale nucléaire de Zaporijjia: qui est Rafael Grossi, le directeur général de l'AIEA?
Il conduit lui-même la mission "la plus dure de l'histoire" de l'organisation internationale. Rafael Mariano Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a annoncé ce lundi que lui ainsi qu'une dizaine de personnes étaient en route vers le sud de l'Ukraine.
Destination: la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée depuis plusieurs mois par l'armée russe qui poursuit son offensive, plus de six mois après le début de l'invasion du pays.
"Le jour est venu, la mission de l'AIEA vers Zaporijjia est désormais en route. Nous devons protéger la sécurité de l'Ukraine et de la plus grande centrale nucléaire d'Europe", a tweeté le diplomate argentin, ajoutant être "fier de mener cette mission qui sera à la centrale plus tard cette semaine".
Arrivé en 2019 à la tête de l'agence rattachée à l'ONU, ce sexagénaire a oeuvré de longue date au sein du ministère des Affaires étrangères argentin et auprès des organisations internationales à Vienne.
Une arrivée en pleine crise Iran-États-Unis
Présenté sur le site de l'AIEA comme un diplomate "ayant plus de 35 années d'expérience dans le domaine de la non-prolifération et du désarmement", sa nomination à la tête de l'agence est une petite révolution en ce sens qu'il est le premier Latino-Américain à la diriger.
L'organisation fondée en 1957 ne lui est pas inconnue puisqu'il y a précédemment occupé le poste de sous-directeur général et chef de cabinet entre 2010 et 2013. Il déposera par la suite ses valises à l'ambassade d'Argentine en Autriche. Aujourd'hui sixième directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi a succédé en 2019 au Japonais Yukiya Amano qui a occupé le poste pendant près de dix ans.
Trois premières années au cours desquelles l'Argentin a dû notamment travailler sur un tout autre volet diplomatique: la crise américano-iranienne de fin 2019-début 2020 qui survient un an seulement après le retrait des États-Unis de l'accord de Vienne décidé par Donald Trump.
Deux ans et demi plus tard, force est de constater que l'heure est à la détente et à la coopération avec Téhéran. Rafael Grossi s'est dit la semaine dernière chez nos confrères de France 24 optimiste quant à un nouvel accord entre Iraniens et Occidentaux. La balle est désormais dans le camp du président iranien Ebrahim Raïssi qui ne souhaite pas relancer l'accord sans la clôture de l'enquête de l'AIEA concernant des traces d'uranium enrichi découvertes sur des sites non déclarés en Iran. Enfin, les autorités israéliennes exhortent leurs alliés américains à ne pas ressusciter l'accord de Vienne.
"Tous les aspects techniques ont été plus ou moins résolus, c'est une question de volonté politique", a expliqué la semaine dernière le patron de l'AIEA, jugeant qu'un accord "n'est pas loin".
Zaporijjia, "une situation sans précédent" pour le diplomate
Toujours chez nos confères de France 24, le directeur de l'AIEA a estimé que "les risques sont réels" à Zaporijjia, centrale occupée par les forces russes mais toujours opérée par les Ukrainiens.
Si le Kremlin affirme attendre cette mission de l'AIEA "depuis longtemps" et la juge "nécessaire", l'opérateur ukrainien Energoatom a néanmoins affirmé que les forces russes, "se préparant à l'arrivée de la mission de l'AIEA, mettent la pression sur le personnel de la centrale pour les empêcher de révéler des preuves des crimes de l'occupant".
"Une situation sans précédent" pour Rafael Grossi qui joue la carte diplomatique entre Kiev et Moscou et souhaite "voir ce qui se passe et constater si c'est vrai ou pas".
Au-delà de l'état des lieux et des réparations à effectuer au sein du complexe nucléaire, l'AIEA entend également assurer "une présence continue" à Zaporijjia. Une manière pour Rafael Grossi de marquer un grand coup diplomatique alors que son mandat doit s'achever en 2023.