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Centrafrique : «Si je passe ce pont, on me tue»

A Boda, lundi. La ville abrite désormais la plus grande communauté musulmane du pays.

Environ 14 000 musulmans vivent piégés au cœur de la ville de Boda, assiégés par des miliciens anti-balaka résolus à les anéantir.

Il a marché pendant trois semaines dans le couloir de transhumance du bétail, son seul repère dans cette nature sauvage et abondante. Trois semaines d’errance dans un état de semi-conscience. Saïdou, grand berger poids plume, porte sur son crâne rasé les traces du déchaînement de violence des miliciens anti-balaka (majoritairement chrétiens) qui ont bondi sur lui en pleine brousse. Trois profondes lacérations de machette dont une encore rougeâtre et une autre purulente au poignet gauche. Laissé pour mort, il est miraculeusement parvenu à rejoindre la ville de Boda en échappant à une nouvelle attaque. Surtout, il a réussi à pénétrer à la force de son instinct de survie dans le quartier musulman, son quartier. Un quartier dans lequel il est désormais enfermé et piégé. Essayer d’en ressortir, c’est encore risquer de mourir. C’est vrai pour les 14 000 musulmans regroupés dans un périmètre qui se résume à une rue bordée de chaque côté par quelques habitations et encerclée par un no man’s land infranchissable pour cette communauté. Un no man’s land matérialisé par les trois rivières qui longent cette partie de la ville mais aussi par des quartiers totalement pillés et détruits. Des ruines et des ponts comme frontières que l’on regarde au loin sans penser une seule seconde à s’y aventurer.

ENCLAVE.«Regardez, si je passe ce pont, on me tue», soupire Karim. Il est épuisé, ses traits sont tirés, ses yeux brillent d’impuissance et de colère. «Je ne peux même pas faire 100 mètres au risque qu’on me tire dessus», explique ce cultivateur, ancien président de l’association des parents d’élèves de l’école de Boda.

Cette ville minière, autrefois opulente et surnommée «Boda la belle», est située à 200 kilomètres à l’ouest de Bangui. Elle s’est embrasée le 29 janvier, au lendemain du départ des rebelles de l’ex-Séléka (pour la plupart des musulmans) : déjà (...)

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