Censure de Barnier : les 8 sujets qui font hésiter le RN à sauter le pas
Marine Le Pen a donné à Michel Barnier jusqu'à lundi pour satisfaire à ses demandes. Faute de quoi, le RN censurera le gouvernement, annonce-t-elle.
Censurera ou censurera pas ? Le sort de Michel Barnier et de son gouvernement est entre les mains du RN, alors que le Nouveau Front Populaire a déjà acté le fait de censurer le gouvernement. Mais si les députés du Rassemblement national y ajoutent leurs voix, elles suffiront à renverser le gouvernement Barnier, alors que des motions de censure se profilent dans le cadre du budget et du recours à l'article 49.3.
Marine Le Pen a fixé plusieurs lignes rouges et laissé "jusqu'à lundi" 2 décembre à Michel Barnier pour satisfaire à ses demandes. Faute de quoi, les députés du Rassemblement national censureront le gouvernement, assure-t-elle.
Le déremboursement des médicaments
Dans le cadre de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) la ministre de la santé, Geneviève Darrieussecq, a indiqué, lundi 18 novembre, que les taux de remboursement des médicaments par l’Assurance-maladie allaient diminuer au 1er janvier de 5%, exception faite des médicaments pris en charge à 100 %.
Une atteinte au pouvoir d'achat des Français qui ne passe pas pour le Rassemblement national, qui en fait une ligne rouge et demande au Premier ministre de revenir sur cette baisse de remboursement. Lundi 2 décembre, à quelques heures de l'examen du PLFSS à l'Assemblée, le gouvernement annonce qu'il n'y aura pas de déremboursement des médicaments en 2025. Suffisant pour faire infléchir la position du RN ?
La hausse de la taxe sur l'électricité
L'exécutif espérait récupérer trois milliards d'euros avec une hausse de la taxe sur l'électricité, qui aurait en partie été absorbée par la baisse à venir des tarifs. Une disposition supprimée par l'Assemblée en première lecture et à laquelle le Sénat s'est opposé. Il s'agit d'une des lignes rouges du RN.
Après avoir ouvert la porte au RN en début de semaine, Michel Barnier a annoncé au Figaro avoir décidé de "ne pas augmenter les taxes sur l'électricité", ce qui "permettra une baisse des prix de l'électricité de 14%".
En réalité, comme l'explique La Tribune, le gouvernement proposera bien d'augmenter la taxe sur la consommation d'électricité dès l'an prochain, pour la passer de 21 euros par mégawattheure (MWh) à près de 30 euros par MWh, confirme-t-on dans l'entourage du Premier ministre. Soit le niveau préalable à la crise de l'énergie de 2021 et 2022, alors qu'une hausse pour atteindre 30 et 50 euros par MWh était initialement envisagée.
Après cette relative concession, le RN demande des précisions sur la manière dont ces concessions seront financées. La piste d'une hausse de la taxe sur le gaz est notamment avancée, mais elle risque de crisper le RN, qui fait d'une dégradation du pouvoir d'achat des Français une ligne rouge.
La hausse des retraites de la moitié de l'inflation
Autre proposition du gouvernement pour le budget 2025 qui constitue de ce Marine Le Pen appelle une ligne rouge, le projet d'indexation des retraites sur l'inflation. Initialement, cette revalorisation n'était prévue qu'à partir du 1er juillet. Finalement, il y aura une augmentation des retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic. Un compromis, annoncé par Laurent Wauquiez et qualifié d'"inadmissible" par Marine Le Pen.
"Monsieur Wauquiez fait énormément de communication". Le porte-parole du RN Julien Odoul, "dénonce un numéro d'illusionniste de la part de Laurent Wauquiez et des Républicains" après avoir obtenu du gouvernement une revalorisation de "toutes les retraites" en janvier.
Interrogé sur le sujet sur TF1, Michel Barnier ne semble pas prêt à aller plus loin et faire un pas vers le RN sur cette question.
L'aide médicale d'État (AME)
Parmi les pistes d'économies que Marine Le Pen souhaiterait voir activées, des économies "de manière claire sur l'immigration". Elle a notamment évoqué la question de l'Aide médicale d'État, une cible récurrente du RN. Avec 1,3 milliards d'euros initialement prévus, son budget a déjà été réduit de 200 millions d'euros en commission au Sénat.
Si le Premier ministre n’envisage pas de supprimer l’Aide médicale d’État (AME), qui permet aux personnes sans-papiers de bénéficier de soins gratuits, il envisage tout de même de réduire "sensiblement" les soins qui sont pris en charge, explique-t-il toujours au Figaro.
Le "panier de soins" pris en charge va être sensiblement diminué, comme l’avaient proposé Patrick Stefanini et Claude Evin dans un récent rapport", détaille-t-il. Une réforme envisagée pour "l’an prochain" qui a pour but "d’éviter les abus et les détournements", a précisé Michel Barnier. Un pas vers le RN qui ulcère à gauche, et qui va à l'encontre de l'avis de la ministre de la Santé, Geneviève Darrieusecq, qui avait affirmé de son côté qu'il n'était "pas question de toucher" à cette aide médicale pour les sans-papiers.
La politique migratoire
Toujours sur le volet de l'immigration Jordan Bardella réclame "un sérieux tour de vis migratoire et pénal". Selon M6, lors d'un déplacement vendredi après-midi sur le littoral nordiste, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau va annoncer "des mesures pour renforcer la lutte contre les passeurs".
Le fonctionnement de l'État
Marine Le Pen réclame également des économies sur "le fonctionnement de l'Etat" en faisant diminuer les "frais de fonctionnement" "d'un certain nombre d'organismes". Sur le fonctionnement de l'État, Michel Barnier a de nouveau détaillé les efforts demandés : 4 milliards sur les fonctionnements des ministères ou encore 2 milliards sur les agences de l'État. Il a également appelé les anciens Premier ministre à davantage de sobriété.
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Davantage de justice fiscale
Autre demande du RN, davantage de justice fiscale dans le budget 2025, ce qui pourrait passer par une taxation sur les rachats d'actions ou une augmentation de la taxe sur les transactions financières, exemples proposés par Marine Le Pen. Une piste qui pourrait financer le renoncement à la hausse des taxes sur l'électricité, propose le RN.
D'autres sujets ont été évoqués, pêle-mêle, par Sébastien Chenu : "la hausse de la contribution de la France à l'Union européenne ", "le malus automobile ou encore l'augmentation des frais de notaire". Mais le RN pourrait déjà avoir remporté une petite victoire : les sept heures travaillées gratuitement, proposées par des sénateurs de droite et qui suscitent également l'opposition de la gauche, ne devraient pas voir le jour, la droite parlementaire ayant annoncé y renoncer.
Les charges sur les entrepreneurs et la crainte d'une hausse d'impôt ou d'un nouvel impôt
Autre demande du RN, ne pas alourdir les charges qui pèsent sur les entrepreneurs, et notamment les TPE et PME. Alors que 4 milliards d'aides à destination des entreprises ont été initialement supprimés, ce ne sont que 2 milliards qui devraient finalement être supprimés.
"Nous entendons les entreprise qui nous disent attention au coût du travail, et nous allons faire un effort", a annoncé le Premier ministre Michel Barnier sur TF1. Le RN réclame également un moratoire sur toute nouvelle création ou hausse d'impôt et de taxe.