Les cellules magnétiques de Peter Halley

Fasciné par les formes géométriques depuis ses débuts en 1984, l’Américain livre une vision carcérale et angoissante du monde.

Au cœur de la peinture abstraite, géométrique et fluo de Peter Halley il y a un truc souterrain, caverneux, qui vous emprisonne et vous libère à la fois. Un truc génial qui dure depuis les années 80 et résiste au temps qui passe, parce que l’artiste américain avait tout vu avant tout le monde. Ce truc est un paradoxe qu’il s’est chargé de formuler lui-même dans de nombreux écrits qui prolongent, plutôt qu’ils ne justifient, sa peinture. «J’ai toujours considéré que mes œuvres sont des images de quelque chose.» On plisse les yeux. Car les œuvres, exposées là, à Paris, à la galerie Xippas, comme partout ailleurs, depuis toujours (Halley ne change pas de trajectoire), ne figurent rien, sinon des carrés, parfois des rectangles, avec en leur centre des barres parallèles, et sur leurs côtés des lignes en angle droit qui conduisent à d’autres carrés, et parfois à d’autres rectangles. Le b-a.ba de l’art abstrait versant géométrique : les toiles sont dynamiques, rythmées, colorées, point barre. Ce qui n’empêche pas l’artiste de persister et de signer : «Ce sont des images de quelque chose.» De quoi, alors ? Réponse commode : de l’art géométrique lui-même.

Logo. A la fin du XXe siècle, quand Halley prend les pinceaux, cette veine picturale, autrefois dominatrice et sûre d’elle-même, a fini par s’épuiser, par se caricaturer, s’embourgeoiser, par n’être plus qu’une coquille vidée de ses ambitions initiales. Peindre un carré dans les années 80, c’est citer Malevitch ou Mondrian, et toute la clique des pionniers et des héritiers de l’abstraction géométrique qui les ont eux-mêmes cités auparavant. La géométrie ne voit alors pas plus loin que le bout de son nez, carré. Elle a fini de se projeter vers le monde de demain. Pire, elle est devenue une marque grand public, un logo qui ne promeut plus qu’elle-même. Bref, elle est en crise. C’est ce que Peter (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

Benoît Maire, échafaudeur d’énigmes
Batia Suter, un matelas d’archives à mémoire de formes
UAM La révolution domestique
«Comme dans un tableau de Brueghel, le genre humain mis à nu défila dans le studio de Jean-François Bauret»
Expo Le foot bute sur l’art