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Ce que l'on sait sur l'auteur de l'attentat de Manchester

Des policiers à Manchester. L'auteur de l'attentat suicide qui a fait 22 morts lundi à la sortie d'un concert à Manchester s'appelait Salman Abedi. Les enquêteurs ont acquis la certitude qu'il appartenait à un réseau plus large. /Photo prise le 25 mai 2017/REUTERS/Andrew Yates

MANCHESTER, Angleterre (Reuters) - L'auteur de l'attentat suicide qui a fait 22 morts lundi à la sortie d'un concert à Manchester s'appelait Salman Abedi. Les enquêteurs ont acquis la certitude qu'il appartenait à un réseau plus large. Huit suspects étaient toujours détenus jeudi par la police britannique. Son père et un de ses frères ont été arrêtés en Libye. SON PARCOURS Formellement identifié mardi en fin de journée, Salman Abedi, qui était âgé de 22 ans, était né à Manchester de parents libyens, selon des sources au sein des services américains de renseignement informés par leurs homologues britanniques. Il avait récemment séjourné en Libye, où une partie de sa famille était retournée vivre après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, a dit la ministre britannique de l'Intérieur, Amber Rudd. Le renseignement britannique tente de déterminer s'il a pu à cette occasion entrer en contact avec des militants de l'organisation Etat islamique (EI) qui a revendiqué mardi l'attentat de Manchester. La piste d'un séjour en Syrie, évoquée mercredi par le ministre français de l'Intérieur, Gérard Collomb, a été démentie jeudi par des responsables turcs des services de sécurité. Selon ces sources, Abedi "est allé en Europe, puis dans un pays tiers avant de repasser par Istanbul sur le chemin de l'Europe". "Il n'a pas séjourné en Turquie et n'avait pas d'admission ou de sortie de Syrie au cours de ses voyages, il n'y a rien de tel dans son dossier", a dit l'un de ces responsables. Salman Abedi n'avait par ailleurs fait l'objet d'aucun signalement aux autorités turques, qui l'ont donc laissé embarquer à bord d'un vol au départ d'Istanbul. Cité jeudi par la chaîne de télévision Sky News, un membre du renseignement allemand a révélé que le kamikaze de Manchester était passé à Düsseldorf, dans la Ruhr, quatre jours avant l'attentat. Il a confirmé qu'avant de passer à l'acte, Salman Abedi n'avait donné lieu à aucun partage d'informations entre les services européens. "C'est pour cela qu'il a pu voyager sans aucune restriction d'Istanbul vers l'Europe", a-t-il dit. Cité mardi par le quotidien The Times, un de ses amis a affirmé qu'il était allé en Libye il y a trois semaines et en était revenu il y a quelques jours. Salman Abedi, ancien élève de l'école des garçons de Burnage, était inscrit à l'université mancunienne de Salford. Il était connu "jusqu'à un certain point" des services britanniques de sécurité, a déclaré Amber Rudd, mais il semble que son degré de dangerosité ne nécessitait pas une surveillance particulière. SON ENTOURAGE Ses parents ont émigré de Libye en 1992 au Royaume-Uni, où ils se sont établis pendant au moins dix ans à Fallowfield, un quartier de la banlieue sud de Manchester. Arrêté mercredi à Ayn Zera, un faubourg de Tripoli, par les services libyens de contre-terrorisme, le père, Ramadan, avait fait partie du Groupe islamique combattant en Libye (GICL), selon le centre d'études Kalam Research & Media. Lié à Al Qaïda, ce groupe islamiste armé formé par d'anciens du djihad contre les Soviétiques en Afghanistan n'a été interdit en Grande-Bretagne qu'en 2005. Un curateur de la mosquée de Didsbury, dans le sud de Manchester, où la famille Abedi avait ses habitudes, a déclaré que Ramadan Abedi était retourné s'installer en Libye après la chute et la mort de Mouammar Kadhafi. Son frère Hachem, arrêté mardi soir, est soupçonné d'être lié à l'EI, a précisé un porte-parole libyen. La maison de Fallowfield où la famille Abedi a vécu a été perquisitionnée mardi, douze heures après l'attaque à la Manchester Arena. Un autre des frères Abedi, Ismaïl, a été arrêté ce même jour au cours d'une autre opération menée par la police britannique en relation avec l'enquête sur l'attentat. Citant une connaissance de la famille Abedi, Abdalla Yousef, un porte-parole de la mosquée de Didsbury, dans la grande ville du nord de l'Angleterre, a rapporté que le père, la soeur et le reste de la famille du kamikaze étaient rentrés en Libye après la révolution de 2011. Il est possible, ajoute-t-il, que Salman Abedi et son frère aient alors multiplié les allers-retours entre le Royaume-Uni et la Libye. (Michael Holden, avec John Walcott à Washington et la rédaction de Londres, édité par Henri-Pierre André et Gilles Trequesser)