Publicité

Cazeneuve dit assumer les assignations à résidence d'écologistes

STRASBOURG (Reuters) - Bernard Cazeneuve a déclaré samedi assumer "totalement" l'assignation à résidence de 24 militants écologistes jugés susceptibles de manifester violemment à l'occasion de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP21), qui débute dimanche près de Paris. Ces assignations à résidence, décidées dans le cadre de l'état d'urgence instauré après les attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre à Paris et Saint-Denis, ont été vivement critiquées par des acteurs du monde associatif. "Nous avons assigné 24 personnes parce qu'elles avaient témoigné d'actes violents par le passé à l'occasion de manifestations et qu'elles avaient exprimé le souhait de ne pas respecter les principes de l'état d'urgence", a dit le ministre de l'Intérieur lors d'un déplacement à Strasbourg (Bas-Rhin). "J'assume totalement cette fermeté. Ne pas assumer cela devant les Français, c'est être, dans un contexte de menace très élevée, dans une prise de risque que les Français ne toléreraient pas", a-t-il ajouté. Les personnes concernées, "déjà condamnées, pour un certain nombre d'entre elles, pour avoir participé à des manifestations violentes", selon le ministre, sont des "activistes" de la mouvance écologiste, a-t-on précisé dans son entourage. Mais selon le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, "tous les militants qui ont reçu ces assignations à résidence sont des militants pacifistes, qui n'ont jamais commis aucune violence". "On a le sentiment qu'il y a une volonté (...) d'étouffer cette critique qui monte dans les milieux militants mais on s'y prend de la pire des manières, c'est-à-dire de la manière répressive", a-t-il déploré sur BFM TV. François Hollande, qui a reçu samedi 14 représentants d'organisations écologistes, leur a fait savoir que dorénavant il n'y aurait plus d'assignations à résidence de "militants climat ordinaires", d'après Benoît Hartmann, de France Nature Environnement. "Le président de la République a dit qu'il n'y avait lieu bien sûr en aucun cas à ce qu'il y ait des arrestations arbitraires", a confirmé par la suite le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, lors d'une conférence de presse au Bourget (Seine-Saint-Denis). Un total de 312 assignations à résidence ont été prononcées en France depuis l'instauration de l'état d'urgence, le 14 novembre, a indiqué samedi Bernard Cazeneuve. Des marches prévues en marge de la COP21 ont par ailleurs été interdites pour des raisons de sécurité après les attentats. Certains collectifs locaux ont par conséquent prévu des formes alternatives de mobilisation. La première réunion des négociateurs chargés de préparer un projet d'accord pour la COP21 a été avancée à dimanche, sans attendre l'ouverture officielle de l'événement, lundi, à laquelle 150 chefs d'Etat et de gouvernement participeront. (Gilbert Reilhac, avec Emmanuel Jarry à Paris, édité par Chine Labbé)