Cazeneuve, Beaudet, Bertrand... Ce que pense le camp présidentiel des favoris au poste de Premier ministre

Cinquante-sept jours après le second tour des élections législatives, Emmanuel Macron est toujours à la recherche d'un Premier ministre. Si la nomination se fait attendre, plusieurs noms de candidats potentiels émergent au fil des consultations.

Un Premier ministre issu de la gauche, la droite ou la société civile? Au début de la troisième semaine de consultations -présentées comme les dernières- pour trouver un chef de gouvernement, les entretiens se sont succédé ce lundi 2 septembre à l'Élysée.

Huit semaines après les législatives qui ont débouché sur une Assemblée nationale sans majorité absolue, plusieurs noms reviennent avec insistance pour Matignon, certains tirant plus la corde que d'autres, d'après le camp présidentiel.

Bernard Cazeneuve a ouvert le bal de ces nouvelles consultations à l'Élysée, ce lundi pendant une heure quinze. Le nom de l'ex-ministre de l'Intérieur revient avec insistance depuis la fin de la semaine dernière.

"Il ne faut pas minimiser l'importance du rendez-vous qu'il a eu avec le président, a assuré à BFMTV un proche d'Emmanuel Macron. Bernard Cazeneuve n'est pas un leurre."

L'entourage de l'ancien socialiste, qui a quitté le PS en 2022 -étant farouchement opposé à l'alliance avec la France insoumise- a fait savoir qu'il était "disponible pour servir le pays".

S'il pourrait avoir l'appui du bloc central et d'une partie de la droite, il n'est toutefois soutenu par aucune des formations de gauche, même si son arrivée à Matignon pourrait diviser les socialistes.

"Bernard Cazeneuve, ça convient à tout le monde chez nous, sauf s'il abroge la réforme des retraites. Là on le censurerait", a confié un député Ensemble (ex-Renaissance).

Un cadre du camp présidentiel a nuancé: "Bernard Cazeneuve serait le choix par défaut, car il n'est pas du tout sûr qu'il fracture la gauche. En plus, il semble poser beaucoup de conditions."

Ce lundi, l'hypothèse de Thierry Beaudet, inconnu du grand public à l'Élysée, a aussi commencé à circuler. Mais le patron du Conseil économique, social et environnemental (Cese), âgé de 62 ans, ne fait pas l'unanimité dans l'ex-majorité.

Certains y voient un "bon profil", comme ce député Ensemble qui a constaté auprès de BFMTV que Thierry Beaudet était "proche des milieux CFDT" et "incarn(ait) la société civile". Avant d'ajouter: "Mais si c'est lui, il faut faire rentrer des profils très politiques dans le gouvernement."

Un cadre de la majorité partage cet avis positif, mentionnant une nomination stratégique: "Comment censurer quelqu'un qui n'a jamais exprimé sa pensée politique? Et puis, c'est un bon signal envoyé à la société civile, qui en a bien besoin. Et aux Français, puisqu'il préside une Assemblée citoyenne."

D'autres sont plus réservés. "La situation politique n'a jamais été aussi compliquée, et on mettrait un Premier ministre qui n'a jamais fait de politique de sa vie? C'est insensé!", s'est insurgé un député du centre. "Il préside le Cese, mais les membres du Cese à côté des députés, ce sont des Bisounours."

Un cadre de l'ex-majorité a poursuivi: "Il a deux principaux problèmes: il ne tient pas face à cette Assemblée et il n'apporte aucune voix à gauche."

La piste Beaudet pourrait d'ailleurs s'éloigner à mesure que les heures passent. Selon un proche du président, "ça coince cet après-midi". "Il est peut-être moins prêt à se faire imposer des choses par le président, que le président ne l'aurait pensé", a-t-il soufflé.

Autre personnalité reçue ce jour par Emmanuel Macron: Xavier Bertrand. Le président des Hauts-de-France, responsable du parti Les Républicains âgé de 59 ans, n'a pas caché que la fonction l'intéressait et l'ex-président Sarkozy a jugé que ce serait "un bon choix".

Pourtant, un cadre du camp présidentiel a balayé l'option: "La gauche va le censurer, la droite aussi... Il n'y a plus que Nicolas Sarkozy qui croit encore à un Premier ministre de droite."

Tandis qu'un député de l'ancienne majorité présidentielle a ironisé: "Ah bon? Il est encore dans la course?"

Mais, d'ailleurs, quand cette course va-t-elle prendre fin? Interrogé sur ce sujet la semaine dernière, Emmanuel Macron a promis de faire "tous les efforts" pour "aboutir à la meilleure solution pour le pays", précisant qu'il "parlerai(t) aux Français en temps voulu et dans le bon cadre".

"Le président de la République devrait envoyer des signaux sur le fait qu'il ne dissoudra plus, a lancé un député Ensemble. Cela ferait bouger les lignes, surtout au PS."

Pour un proche du chef de l'État, Emmanuel Macron prend son temps pour "être sûr que ce sera un gouvernement durable". "Et il est ferme sur sa volonté: Dans l'idéal, d'un gouvernement de coalition, a-t-il expliqué, c'est-à-dire réunissant des ministres de droite et de gauche." Et de conclure: "Avec lui, on ne sait toujours pas à quoi s'attendre. Mais au moins maintenant, on sait attendre."

Article original publié sur BFMTV.com