Les cauchemars à l’âge adulte sont-ils annonciateurs de démence sénile ?
Une étude suggère que les adultes de plus de 35 ans qui ont au moins un mauvais rêve par semaine sont quatre fois plus susceptibles de subir un déclin cognitif durant leurs vieux jours.
“Les personnes d’âge moyen qui font fréquemment des cauchemars pourraient être sujettes à un risque de déclin cognitif accéléré et à un risque plus élevé de démence à mesure qu’ils vieillissent, selon certaines observations.” Le quotidien britannique The Guardian se fait ainsi l’écho de l’étude parue le 21 septembre dans eClinicalMedicine, pour laquelle le neuroscientifique de l’université de Birmingham Abidemi Otaiku s’est penché sur les données de trois travaux de recherche.
Pour ces travaux, la qualité du sommeil et la santé cérébrale de plus de 600 personnes âgées de 35 à 64 ans et 2 600 personnes de plus de 79 ans avaient été suivies pendant plusieurs années. Les données ont ensuite été analysées grâce un logiciel de statistique qui a permis de mettre en évidence que les personnes ayant une fréquence plus élevée de rêves pénibles étaient plus susceptibles de connaître un déclin cognitif et de recevoir un diagnostic de démence.
Dans son étude, le chercheur détaille :
“Comparés aux sujets d’âge moyen disant ne faire en général aucun cauchemar, les personnes qui en font chaque semaine présentent un risque de déclin cognitif quatre fois plus élevé.”
Par ailleurs, parmi les participants âgés, ceux qui signalaient fréquemment de mauvais rêves étaient deux fois plus susceptibles de recevoir un diagnostic de démence au cours des années suivantes.
Reste à comprendre les mécanismes à l’œuvre
Pour le moment, rien ne permet d’expliquer ce lien entre fréquence des cauchemars et déclin cognitif. L’une des pistes avancée est que les personnes aux nuits peuplées de rêves effrayants sont aussi celles qui ont un mauvais sommeil. Or de précédentes études ont montré que des périodes prolongées de sommeil de moindre qualité augmentaient les niveaux de protéines impliquées dans la maladie d’Alzheimer. Une autre piste est l’existence d’un facteur génétique qui sous-tend les deux phénomènes à la fois. Ces hypothèses devront faire l’objet d’autres travaux.
L’hypothèse de travail d’Abidemi Otaiku est que la neurodégénérescence dans le lobe frontal droit du cerveau rend le contrôle des émotions plus difficile, ce qui, en rêve, se transforme en cauchemars. Il entrevoit dans ses résultats – qui devront être confirmés par d’autres études – une possibilité de diagnostic précoce des maladies liées à l’âge, et ainsi d’un meilleur accompagnement des personnes qui risquent d’en souffrir. Il conclut :
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