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Professeur décapité: Castex prône "une riposte plus ferme" quand un enseignant subit des menaces

Le Premier ministre Jean Castex, le 7 octobre 2020 à Paris  - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Le Premier ministre Jean Castex, le 7 octobre 2020 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Face au terrorisme islamiste, l'État n'a d'autre choix que d'afficher sa fermeté. Dans un entretien au Journal du Dimanche, publié au surlendemain de la décapitation de Samuel Paty, Jean Castex a indiqué travailler à "une stratégie de riposte encore plus ferme, plus rapide et plus efficace quand un enseignant subit des menaces".

"L'État sera à la hauteur de l'engagement (des enseignants) en répondant avec la plus grande fermeté à tous les ennemis de la République. Nous ne céderons rien, nous ne renoncerons jamais à ce que nous sommes: des citoyens libres et éclairés, dans une République laïque et solidaire, une et indivisible", fait valoir le Premier ministre.

Liberté d'enseigner "pas négociable"

Le chef du gouvernement a réuni samedi les ministres de l'Intérieur, de l'Éducation nationale et de la Justice "pour déterminer une stratégie de riposte encore plus ferme, plus rapide et plus efficace quand un enseignant subit des menaces, même insidieuses". Et dit-il, le gouvernement travaille "étroitement avec l'ensemble de la communauté éducative pour aboutir au plus vite à des actes concrets".

Interrogé par le JDD sur l'opportunité d'étudier en classe les caricatures de Mahomet, Jean Castex répond que "c'est aux enseignants d'en décider et non au Premier ministre d'en juger".

"Mais ce qui est certain est que ceux qui transmettent le savoir à nos enfants doivent demeurer libres de le faire. Cette liberté-là n'est pas négociable", a-t-il ajouté.

La "loi séparatisme" complétée?

L'enseignant décapité vendredi à proximité du collège dans lequel il enseignait, à Conflans-Sainte-Honorine, avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. Son agresseur, tué par la police après l'attaque, a été identifié comme Abdoullakh A., un Russe tchétchène de 18 ans, né à Moscou et réfugié en France avec sa famille. Dix personnes ont été placées en garde à vue depuis.

"La menace n'a jamais cessé de se situer à un niveau très élevé dans notre pays, mais elle a changé de nature: nous sommes passés d'un risque avec des actions terroristes organisées et planifiées à l'extérieur du territoire national à un risque reposant davantage sur des actes perpétrés souvent par un seul individu, parfois sans aucune complicité, ce qui rend le travail de détection de nos services de renseignement d'autant plus délicat et difficile", a développé le Premier ministre.

"Nous devons renforcer la détection de tous les signaux faibles qui sont autant d'alertes d'une dérive possible vers la radicalisation et la violence terroriste", a-t-il ajouté. Interrogé sur le projet de loi sur le séparatisme qui doit être présenté en décembre au Conseil des ministres, Jean Castex a indiqué qu'il "n'excluait pas" de le compléter.

La liberté d'expression, "valeur cardinale"

S'affirmant "plus que jamais Charlie", le locataire de l'hôtel Matignon déclare que "tout l'enjeu" aujourd'hui était que la presse demeure libre de publier des caricatures. "C'est précisément parce que nous sommes une démocratie vivante, parce que nous avons une presse indépendante que nous sommes visés par les esprits soumis aux idéologies obscurantistes et totalitaires", observe Jean Castex.

"La liberté d'expression est une valeur cardinale de notre identité: tous nos journaux, tous nos médias, tous nos citoyens sont libres de les publier, de les diffuser ou de ne pas les partager", rappelle-t-il.

Article original publié sur BFMTV.com