Castets, Cazeneuve, Bertrand, Borloo... Qui est pressenti pour être choisi comme Premier ministre par Emmanuel Macron ?
Alors que le chef de l'État n'a toujours pas pris de décision concernant la personnalité qui aura la charge de composer le futur gouvernement, état des lieux des candidats.
Les semaines passent et le blocage institutionnel n'en finit plus de se prolonger. Près de 50 jours après le deuxième tour des élections législatives qu'il avait lui-même provoquées en dissolvant l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron n'a toujours pas nommé de nouveau Premier ministre.
Depuis la fin de la trêve politique imposée par la tenue des Jeux Olympiques à Paris, le président de la République temporise, dans l'attente d'une hypothétique coalition qui serait susceptible de constituer une majorité à l'Assemblée.
Un nouveau Premier ministre dans la semaine ?
Si les consultations organisées ces derniers jours avec les différents partis plus ou moins représentés dans l'hémicycle n'ont pas semblé faire beaucoup avancer les choses, Emmanuel Macron se retrouve dans une position de plus en plus compliquée, avec un gouvernement démissionnaire toujours en activité près de deux mois après les élections, au mépris du fonctionnement ordinaire de la Ve République.
Pour enfin débloquer la situation, le chef de l'État pourrait ainsi choisir de désigner un nom pour Matignon dans la semaine. Alors que le Nouveau Front Populaire (NFP), arrivé en tête aux législatives, s'est accordé sur une seule candidature depuis des semaines, le président pourrait aussi, selon certaines sources, opter pour une autre personnalité, venue du PS ou de la droite.
Lucie Castets
Rassemblant au total quatre groupe d'élus, le NFP, coalition de gauche formée à l'occasion des législatives, constitue la plus grosse force politique de l'Assemblée en nombre de députés (193 au total, selon La Montagne), mais est loin de disposer d'une majorité absolue (289 sièges). Les principaux partis le composant (LFI, PS, Les Ecologiste-EELV et PCF) se sont toutefois accordés depuis plusieurs semaines sur un nom pour être la prochaine Première ministre, celui de Lucie Castets.
Âgée de 37 ans, cette haute fonctionnaire passée notamment par Sciences Po Paris et l'ENA a jusqu'ici surtout exercé des rôles de consultante et de conseillère vis-à-vis de la sphère politique. Encartée au PS jusqu'au milieu des années 2010, elle a quitté ce parti en raison de désaccords avec la politique menée par François Hollande au cours de son quinquennat.
Résolument engagée dans la défense des services publics, notamment via l'association Nos services publics qu'elle a fondé en 2021 avec des amis, la native de Caen (Calvados) n'a eu de cesse, depuis qu'elle a été désignée candidate du NFP pour Matignon, de mettre ce sujet sur la table à chacune de ses interventions médiatiques et publiques.
VIDEO - Lucie Castets: "Je pense qu'on peut trouver texte par texte des coalitions si chacun accepte de dépasser les clivages politiciens"
Bernard Cazeneuve
Alors que la macronie multiplie les appels du pied en direction du PS depuis les législatives, plusieurs médias ont laissé entendre que le choix du président pourrait se porter sur une figure emblématique de ce parti, dont le profil soit aussi en mesure de rassurer une partie de la droite. Ainsi, le nom de Bernard Cazeneuve est revenu avec insistance dans les rumeurs ces dernières semaines.
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Pur produit de l'appareil du PS, le Senlisien âgé de 61 ans a gravi les échelons jusqu'à devenir l'un des hommes de confiance de François Hollande pendant son quinquennat. Successivement ministre délégué aux Affaires européennes, puis au Budget, ministre de l'Intérieur et enfin Premier ministre, Bernard Cazeneuve a déjà travaillé avec Emmanuel Macron et semble se situer sur une ligne politique proche de la sienne. Comme le président de la République, il a d'ailleurs fini par quitter le PS pour fonder son propre mouvement, La Convention.
Didier Migaud
Dans la même idée d'envoyer à Matignon un membre historique du PS, Emmanuel Macron aurait aussi songé à un profil encore plus technocratique, celui de Didier Migaud. D'après Le Dauphiné Libéré, l'ancien député socialiste de l'Isère (entre 1988 et 2010) et président de la Métropole grenobloise (de 1995 à 2010) figure dans la "short list" du président de la République.
S'il n'a jamais occupé de poste ministériel, Didier Migaud connaît particulièrement bien les rouages de l'État pour avoir occupé le poste de Premier président de la Cour des Comptes entre 2010 et 2020. Il a ensuite été nommé par Emmanuel Macron à la tête de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, un poste qu'il occupe toujours aujourd'hui.
Xavier Bertrand
À la recherche d'un consensus par le centre, Emmanuel Macron étudierait aussi la possibilité de nommer comme Premier ministre une personnalité issue de la droite qui ne soit pas en désaccord avec la politique menée depuis 2017 et qui ne représente pas a priori un épouvantail pour le centre gauche. Incarnant cette tendance, Xavier Bertrand est un candidat déclaré à Matignon depuis plusieurs semaines.
Ancien du RPR et de l'UMP (devenue Les Républicains en 2015), l'actuel président de la région Hauts-de-France n'a plus exercé de fonction ministérielle depuis une douzaine d'années. Avant cela, il fut notamment le dernier ministre de la Santé de Jacques Chirac (entre 2005 et 2007) et le principal ministre du Travail pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy (de 2007 à 2009, puis de 2010 à 2012). Interrogé sur une possible nomination à Matignon début août, le Châlonnais âgé de 59 ans s'était déclaré "prêt à relever le défi".
Jean-Louis Borloo
Si la nomination de Xavier Bertrand à Matignon pourrait permettre au parti présidentiel de nouer une alliance avec le groupe LR à l'Assemblée (qui ne disposerait toutefois pas de la majorité absolue), d'autres figures de droite "macrono-compatibles" sont envisagées. D'après 20 Minutes, l'ancien maire de Valenciennes Jean-Louis Borloo fait partie de celles-là.
Natif de Paris et aujourd'hui âgé de 73 ans, ce dernier n'exerce plus la moindre fonction politique depuis plus de dix ans, mais il semble toujours incarner un courant modéré au sein de la droite dite républicaine. Ministre délégué à la ville, puis ministre du Travail pendant le deuxième mandat de Jacques Chirac, Jean-Louis Borloo a aussi été membre du gouvernement pendant le début du quinquennat Sarkozy (ministre de l'Écologie entre 2007 et 2010). Membre fondateur de l'Union des Démocrates Indépendants (UDI, qui fait actuellement partie de la coalition présidentielle Ensemble!), il a notamment soutenu Emmanuel Macron dès le premier tour en 2022.
Michel Barnier
Parmi les noms mentionnés par 20 Minutes comme possibles choix d'Emmanuel Macron figure aussi celui de Michel Barnier. Là encore, l'idée serait de placer à Matignon une personnalité qui ne rebute ni LR, ni Ensemble!. Lui aussi ancien ministre de Jacques Chirac, puis de Nicolas Sarkozy (et lui aussi âgé de 73 ans), le natif de La Tronche (Isère) s'est surtout illustré, depuis une quinzaine d'années, par ses activités au plus haut niveau de l'Union européenne (UE).
Après avoir occupé un poste à la Commission européenne entre 2010 et 2014, Michel Barnier a été nommé en 2015 conseiller spécial auprès de ce même organisme, chargé de la politique de défense et de sécurité. Entre 2019 et 2021, il a ensuite exercé la fonction de négociateur de l'UE pour la gestion du Brexit. Il a ensuite tenté un retour sur la scène nationale en participant à la primaire de LR pour la présidentielle de 2022. Arrivé en 3e position avec 23,93% des voix et battu de peu par Éric Ciotti (25,59%) et Valérie Pécresse (25%), il avait ensuite apporté son soutien à cette dernière.