"Casier judiciaire vierge" : pourquoi Jordan Bardella n'aurait pas dû dire cette phrase sur les candidats RN

Alors que Marine Le Pen et d'autres élus du RN sont jugés dans l'affaire des emplois fictifs, Jordan Bardella a fait une sortie périlleuse sur BFM.

French far-right Rassemblement National (National Rally) RN party's President and lead MEP Jordan Bardella speaks next to President of Rassemblement National parliamentary group Marine Le Pen (R) during the French far-right Rassemblement National (National Rally) RN party's parliamentary seminar at the French National Assembly in Paris on September 15, 2024. (Photo by Ludovic MARIN / AFP) (Photo by LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images)
Jordan Bardella et Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, le 15 septembre 2024. (Photo by LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images)

"Ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire est pour moi une règle numéro 1 lorsqu’on souhaite être parlementaire de la République", a déclaré lundi 18 novembre 2024 le président du Rassemblement national Jordan Bardella, en direct sur BFM TV.

Une phrase qui a mis le leader du RN dans l'embarras après la réaction immédiate du journaliste Maxime Switek, qui lui a répondu "Et si Marine Le Pen était condamnée ?". En effet, la cheffe de file du Rassemblement national est en attente de son jugement dans l'affaire des emplois fictifs d'assistants parlementaires européens, avec d'autre élus du RN.

Mais cette phrase de Bardella ne semble pas mettre à mal seulement Marine Le Pen : dans l'histoire du parti, beaucoup d'élus ont fait l'objet de procédures judiciaires ou ont été condamnés, de quoi mettre la "règle" du président du RN en péril. On fait le point.

Dans l'affaire des emplois fictifs d'assistants parlementaires, quatre élus du RN sont concernés alors qu'ils étaient en campagne au moment des élections législatives, comme l'explique un article du Monde.

Marine Le Pen a notamment été réélue dès le premier tour dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, alors que c’est une prévenue dans cette affaire et qu’elle a déjà été obligée de rembourser 300 000 euros au Parlement européen, après avoir fait de multiples recours judiciaires.

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Mais on peut également citer Julien Odoul, réélu député de la 3e circonscription de l’Yonne et qui comparaît aussi au procès. En 2014, il a été embauché comme assistant parlementaire de Mylène Troszczynski "sans l’avoir jamais rencontrée", précise Le Monde. Dominique Bilde, eurodéputée RN et candidate battue aux législatives dans la 4e circonscription de Meurthe et Moselle, et Timothée Houssin, député sortant arrivé en tête dans la circonscription de l’Eure sont également concernés par cette affaire.

Mais avant même cette récente affaire, la règle du casier judiciaire vierge a souvent été mise à mal au sein du Rassemblement national, comme le montrent ces précédents.

  • Olivier Monteil, qui est arrivé en tête dans la 2e circonscription des Hautes-Pyrénées, a été condamné en 2018 pour "recel de bien provenant de la violation du secret professionnel". Il avait publié sur sa page Facebook une note d’information interne du commissariat de Lourdes, avec les adresses de sites accueillant des réfugiés, pour dénoncer la présence de "250 migrants logés, nourris et soignés gratuitement, et même payés aux frais du contribuable", selon France 3.

  • Gilles Bourdouleix, le maire de Cholet, a été poursuivi en justice pour apologie de crime contre l’humanité pour avoir déclaré en 2013 à propos d’une communauté de gens du voyage "Hitler n’en a peut être pas tué assez". A l’époque, il était membre du parti UDI (centre droit) et sa condamnation avait été confirmée en appel en 2014, puis finalement annulée en 2015 par la Cour de cassation, qui a estimé que l’élu n’avait souhaité rendre publics ses propos. Il a aussi d'autres condamnations pour des outrages et attaques verbales, selon Le Monde.

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  • Bruno Bilde, réélu dès le premier tour dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais, fait face à des accusations de harcèlement sexuel depuis 2018, portées par plusieurs anciens assistants parlementaires. Ces accusations s’accompagnent de soupçons de manoeuvres d’intimidation au sein du Rassemblement National, selon le journal Libération. En 2016, il a aussi été mis en cause et condamné en appel pour diffamation après avoir proféré des accusations de favoritisme à l’encontre de la fille d’un ancien maire socialiste dans le journal local.

  • Frédéric Boccaletti, élu local et réélu député de la 7e circonscription du Var, a lui aussi un passé judiciaire. En 2000, il a été impliqué dans une altercation violente où il a utilisé une batte de baseball et remis une arme à un militant, un geste pour lequel il a été condamné à un an de prison, dont six mois ferme pour violence en réunion avec armes. Après quatre mois de détention, il a été libéré pour des raisons de santé.

Dans cette liste non exhaustive, on peut aussi citer Laurent Jacobelli, député de la 8e circonscription de la Moselle, qui a été mis en examen le 8 avril pour injures et diffamation envers un membre du Parlement à la suite d’une plainte de l’élu renaissance Belkhir Belhaddad. Il avait traité l’élu d’origine algérienne de "racaille" et lui avait demandé si le Hamas allait bien. Il sera jugé en janvier 2025.

Le journaliste de Libération Tristan Berthelot cite aussi plusieurs cas de condamnations de cadres du parti du Rassemblement national, notamment Marine Le Pen et Louis Alliot (condamnés pour diffamation en 2011), Catherine Griset, ou encore Wallerand de Saint-Just.

Des affaires judiciaires mettent à mal l'argument de Jordan Bardella, qui pourrait être pressenti pour une candidature à la présidentielle si Marine Le Pen venait à être condamnée à plusieurs années d'inéligibilité.