« Cash Investigation » et Élise Lucet, une histoire d’intrusions si spéciales

Élise Lucet, ici dans un épisode de « Cash Investigatin », en 2019.
Élise Lucet, ici dans un épisode de « Cash Investigatin », en 2019.

MÉDIAS - Cash Investigation fête ses noces d’étain. Ce jeudi 16 mars, le magazine d’enquête animé par Élise Lucet célèbre ses dix ans avec la diffusion, sur France 2, d’un numéro spécial. Ce dernier sera dédié aux révélations chocs de ses 59 émissions passées, parmi lesquelles les conditions de travail chez Lidl ou le scandale des nitrites dans la charcuterie.

L’engouement pour le programme est toujours intact, comme en témoignent les 2 millions de téléspectateurs qui ont regardé son dernier épisode sur les superprofits, en janvier.

L’entrain de sa présentatrice culte joue aussi pour beaucoup. « La communication a pris une part réelle. Parfois certains aimeraient qu’il n’y ait plus que ça, qu’il n’y ait plus d’investigation ou même de journalisme. À nous de leur montrer qu’au XXIe siècle, ce n’est pas possible », lance Élise Lucet, dans les colonnes de 20 Minutes.

L’émission qu’elle anime depuis 2012 a bousculé les codes de l’enquête télé. Et ce, en partie grâce à sa manière très particulière d’interpeller les grands dirigeants, comme en 2019, lorsque la journaliste s’est lancée dans un sprint derrière Fabrice Grandclerc, directeur du bailleur social parisien Immobilière du Moulin Vert, une agence soupçonnée de corruption.

Celui-ci s’était enfui en courant en apercevant Élise Lucet sortir de sa voiture pour l’interviewer par surprise, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

Rachida Dati : « Ma pauvre fille »

Cette course-poursuite n’était pas une première pour l’enquêtrice qui, en 2018 cette fois, s’était rendue à l’assemblée générale du groupe AccorHotels pour retrouver, au premier rang, Nicolas Sarkozy. Son but : l’interroger sur les soupçons de financements libyens de sa campagne présidentielle de 2007. En la voyant, Nicolas Sarkozy s’est levé subitement et a quitté la salle. Ni une ni deux, Élise Lucet l’a suivi avec ses caméras, marché à ses côtés et l’a assené de questions jusqu’à ce qu’il lui claque la portière de sa voiture sous le nez.

« Au début, nos interlocuteurs ne l’ont pas vue venir. Pour eux, elle était encore la gentille présentatrice du 13 heures de France 2 », souffle l’un des producteurs, Luc Hermann, au Parisien.

Les choses ont vite changé. En 2015, quand elle débarque dans les couloirs du Parlement européen de Strasbourg pour questionner Rachida Dati, députée européenne, pour faire la lumière sur ses activités d’avocate et ses relations professionnelles avec Engie, l’ex-garde des sceaux s’en prend vertement à elle et déboute ses « accusations à la con ». Rachida Dati la traite de « pauvre fille » à la « carrière pathétique ».

Ne pas tomber dans « l’autocaricature »

Les entrées fracassantes d’Élise Lucet sont monnaie courante. Elles peuvent avoir lieu au beau milieu d’une assemblée générale, comme celle des actionnaires de Sanofi, où devant des centaines de personnes, elle a questionné le président du conseil d’administration sur ses 8 millions d’euros de rémunération.

Parfois, c’est en plein dîner que la journaliste surgit. C’est ce qu’elle a fait, en 2013, dans un restaurant parisien où des parlementaires français et des industriels du tabac s’entretenaient. « On regardait cette table magnifique, avec ces élus, ces députés, c’est formidable, vous parlez de quoi ? On voulait parler de l’évasion fiscale » , leur a lancé la journaliste dans une séquence devenue culte.

Ces méthodes qui ont fait le succès de Cash Investigation ont aussi été critiquées. « Ce n’est pas le rêve d’un journaliste de courir après quelqu’un. Nous avons d’ailleurs tout fait pour réduire la place de ces séquences pour ne pas tomber dans l’autocaricature », explique Élise Lucet, toujours au Parisien.

C’est une façon d’aller jusqu’au bout de l’enquête, selon elle. « Les téléspectateurs, quand ils voient qu’on se donne à fond et qu’on travaille beaucoup sur des dossiers, ont une vraie reconnaissance du travail effectué, ajoute Élise Lucet chez 20 Minutes. Je pense que ce lien de confiance qu’on a avec les spectateurs fait qu’on n’abandonne jamais. » Cash Investigation n’a pas dit son dernier mot.

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