Caroline du Nord : après le passage de l’ouragan Hélène, une étudiante française témoigne d’une « vision d’horreur »
Malgré des dégâts considérables à Asheville et sur son campus, Lena raconte au « HuffPost » que l’espoir de s’en sortir l’emporte chez les étudiants.
ÉTATS-UNIS - La Caroline du Nord est l’État le plus touché après le passage de l’ouragan Hélène, qui y a causé plus de 100 morts depuis vendredi. Après une réunion sur les opérations de sauvetage en cours, le président américain Joe Biden a indiqué lundi qu’il se rendrait sur place ce mercredi 2 octobre.
En attendant, la vie continue tant bien que mal et les secours s’organisent comme ils peuvent, notamment à Asheville, une ville de 100 000 habitants parmi les plus touchées. À une quinzaine de kilomètres de celle-ci, Lena Bernier, une étudiante française de 22 ans, suit un cursus universitaire sur le campus du Warren Wilson College, via un programme d’échange international avec son université nantaise. Elle raconte au HuffPost l’arrivée de l’ouragan et les heures difficiles qui ont suivi.
Le HuffPost : Comment avez-vous vécu l’arrivée de l’ouragan ?
Lena Bernier : Dans la nuit de jeudi à vendredi, la tempête a commencé mais ça allait, on est allés dormir. Le matin, ma colocataire et moi avons été réveillées à 6h par les alertes sur le téléphone. Nous n’avions plus d’électricité mais on avait chargé en amont tous nos appareils, et on les avait mis loin de la fenêtre.
Quels ont été les dégâts au matin ?
Le campus était ravagé, c’était apocalyptique. Les feuilles jonchaient le sol, il y avait un arbre sur le bâtiment voisin, des autres sur le pont et la route qui mènent au campus principal. On était bloqués. Quand on a pu accéder à la cafétéria vers midi, c’était le seul bâtiment avec un générateur, donc on a pu y manger.
Un dortoir avait 1 cm d’eau, certains sous-sols étaient inondés. Les champs et jardins étaient complètement immergés. Des animaux présents dans une ferme sur le campus ont été relâchés mais beaucoup sont morts. À Asheville, c’est une autre histoire. J’ai eu l’occasion d’y passer et les dégâts sont monstres. Je ne saurais même pas expliquer cette vision d’horreur. Toutes ces vies brisées...
Comment s’organise la vie sur le campus depuis ?
À partir du samedi matin, tout le monde était sur le pont. Des équipes se sont formées : la ferme, le jardin, les arbres, les feuilles, la nourriture, les poubelles, tirer les chasses d’eau pour évacuer le trop-plein, la vie spirituelle, la santé mentale... En une journée, le campus n’avait plus aucun risque de glissade avec les feuilles, les toilettes étaient de nouveau propres et seuls quelques arbres étaient encore à terre. Tout de suite, tout le monde a pris à cœur d’aider tout le monde et ça représente complètement l’état d’esprit de ce campus.
Nous n’avons toujours plus d’électricité, ni d’eau (lundi matin, NDLR). Certaines sources parlent de plusieurs semaines sans eau. Les dégâts sont conséquents.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le moment qui a suivi la diffusion d’une fake news annonçant que le barrage voisin de Bee Tree allait céder ?
C’est probablement l’expérience la plus traumatisante que j’ai vécue. Nous étions en train de joueur au Monopoly dimanche soir quand un ami rentre soudainement et nous dit : « ça crie dehors ! » On entend alors : « le barrage va céder, il faut partir ! » Je cours vers ma chambre et alerte ma colocataire. La veille, on avait préparé des sacs d’urgence avec passeport et vêtements, pensant naïvement que c’était inutile.
On se met à courir dehors pour aller le plus haut possible. Je fais une crise d’asthme en arrivant sur le terrain de foot. Mes amis me lâchent, je suis seule et je fonds en larmes. Finalement, c’était une fake news... Tout le monde était très secoué et depuis, je n’arrive pas à y penser sans pleurer.
Les cours vont-ils reprendre ?
Les cours doivent reprendre le 14 octobre. Nous étions censés être en vacances à ce moment-là, mais elles ont été avancées d’une semaine à cause de la situation. Pour l’instant, les routes ne sont pas sûres, mais beaucoup partent quand même.
Quelle est l’atmosphère générale sur le campus ?
Énormément de gens sont restés depuis sur le campus. Tout le monde est plein d’espoir et chaque fois que quelqu’un prend la parole et mentionne un nom ou une équipe, on crie et on applaudit de toutes nos forces. On s’entraide, on veut que ça fonctionne. On a une réunion d’information chaque matin à 9h30. Les gens renseignent les endroits pour l’essence, partagent leurs pleins, donnent les routes qui sont ouvertes, réparent. Non seulement on va s’en sortir, mais ce sera encore mieux.
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