Carlos Ghosn, sa longue confession à Paris Match

Réfugié dans son pays d’origine après sa rocambolesque évasion du Japon, l’ancien président de Renault-Nissan nous a reçus à Beyrouth.

Paris Match. Vous êtes au Liban depuis deux semaines. Quel est votre état d’esprit : le soulagement, la colère, la revanche ?
Carlos Ghosn. L’apaisement. Le désir de retrouver la normalité, après ce que j’ai traversé au Japon, qui a ressemblé à un cauchemar. Ici, j’évolue dans un environnement que j’aime, entouré de ma femme et d’amis souriants qui ne me considèrent pas a priori comme un coupable. Et, surtout, j’ai retrouvé le droit de parler, de m’exprimer librement.

La justice japonaise vous imposait le silence ?
J’étais muselé, j’assistais impuissant aux charges de la presse nourrie par les procureurs et par Nissan. Ça n’a jamais été dit officiellement mais c’était un fait. Le jour où j’ai annoncé que j’allais tenir une conférence de presse à Tokyo, après ma première remise en liberté, on m’a coffré une seconde fois. Un nouveau procureur, auquel on a demandé pourquoi on me faisait taire, a répondu : “Pas du tout, il a le droit de parler… et nous avons aussi le droit de présenter de nouvelles charges…” C’était une façon incroyablement cynique de dire que si je me défendais publiquement, on trouverait toujours un motif pour me remettre en prison.

A lire aussi : Carlos Ghosn, si Versailles était compté

Vous connaissiez bien ce pays, vous l’aimiez. Que s’est-il passé que vous n’avez pas vu venir ?
J’ai découvert un Japon qui n’est pas celui auquel j’ai cru et que j’ai servi pendant dix-huit ans à travers mes fonctions à la tête de Nissan. Un Japon qui fait peur. Dans les années 2000, c’était un pays qui s’ouvrait à la démocratie et au monde. Avant d’en être victime, je n’avais pas vu remonter en puissance le côté obscur et effrayant du système. Comment parler de justice dans un Etat où 99,4 % des inculpés finissent(...)


Lire la suite sur Paris Match