Carige obtient in extremis de garantir son appel au marché

MILAN (Reuters) - Banca Carige a annoncé aux premières heures de samedi un accord avec des banques pour qu'elles se portent garantes de son augmentation de capital de 560 millions d'euros vitale pour la poursuite de ses activités.

L'établissement italien, dont le bilan est lesté par une quantité importante de créances douteuses, doit redresser son ratio de fonds propres d'ici la fin de l'année à la demande de la Banque centrale européenne (BCE) sous peine d'être mis en liquidation.

Après avoir perdu près de 3 milliards d'euros depuis 2013, la banque génoise avait averti que sa survie pourrait être menacée si le plan de redressement, qui comprend aussi des cessions d'actifs et un échange de dettes, n'est pas mis en oeuvre.

Elle a précisé samedi que l'augmentation de capital serait lancée le 22 novembre, jusqu'au 6 décembre, au prix d'une action nouvelle pour un centime d'euro. Le titre Carige, suspendu jeudi et vendredi à la Bourse de Milan, avait clôturé mercredi à 0,1473 euro.

Des actionnaires locaux qui composent le noyau dur du capital se sont engagés à souscrire à l'opération pour détenir une participation commune équivalente à 29,7%.

Malacalza Investimenti, le principal actionnaire individuel avec 17,6% du capital, avait précédemment fait état de divergences entre les banques garantes de l'opération.

Carige offrira 60 actions nouvelles pour chaque action ordinaire ou titre d'épargne afin de lever jusqu'à 498 millions d'euros. Des actions nouvelles représentant 60 millions d'euros supplémentaires seront réservées aux détenteurs d'obligations subordonnées.

Credit Suisse, Deutsche Bank et Barclays se sont engagés à garantir la portion de 498 millions d'euros après déduction des engagements des actionnaires du noyau dur et d'autres accords d'allocation signés par certains investisseurs institutionnels via le courtier Equita SIM.

Carige a par ailleurs annoncé avoir entamé des négociations exclusives avec Credito Fondiario en vue de lui céder pour 1,2 milliard d'euros de créances douteuses.

Les difficultés de dernière minute apparues dans les négociations entre Carige et ses banques - un accord était à l'origine prévu mercredi - ont fragilisé une nouvelle fois le secteur en Bourse même si la cotation de Carige était suspendue.

Creval, un établissement plus petit qui vient d'annoncer un projet d'augmentation de capital de 700 millions d'euros, soit plus de cinq fois sa capitalisation boursière, a sombré dans la crainte d'une contagion, perdant encore 25% vendredi au lendemain d'un décrochage de 19%. L'agence Moody's a abaissé sa note de crédit en disant voir des "risques significatifs" pour le bon déroulement de l'augmentation de capital de Creval (Credito Valtellinese).

"Si le plan de Carige échoue, celui de Creval ne marchera pas non plus", a commenté Giuseppe Sersale, gérant de portefeuille chez Anthilia Capital.

Les banques italiennes concentrent un quart des créances douteuses de l'ensemble du secteur en Europe.

(Valentina Za et Andrea Mandala, avec la contribution d'Agnieszka Flak; Véronique Tison pour le service français)