Le cargo Ruby, chargé de nitrate d’ammonium et endommagé, s’approche du Pas-de-Calais, ce que l’on sait
INTERNATIONAL - Potentiellement dangereux. Parti de Russie, un cargo battant pavillon maltais et transportant des milliers de tonnes d’engrais navigue actuellement dans la Manche. Endommagé, le bateau, actuellement dans les eaux britanniques, se dirige vers le détroit du Pas-de-Calais, indiquait notamment TF1 vendredi 4 octobre.
Sa trajectoire inquiète les autorités britanniques, qui estiment que ses cales contiennent 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, substance à l’origine de l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Le HuffPost fait le point sur cette affaire.
• Pris dans une tempête et endommagé
Le navire, qui appartient à la société maltaise Ruby Enterprise, a quitté le port de Kandalaksha, dans le nord de la Russie, en juillet, d’après la BBC.
Peu après s’être éloigné des côtes russes, le Ruby s’est brièvement échoué après avoir, semble-t-il, essuyé une tempête en mer de Barents, rapporte le média public britannique. Il continue malgré tout sa route avant d’être contraint de faire escale à Tromsø, en Norvège.
L’autorité maritime norvégienne a déclaré à la BBC que le navire avait été inspecté pour s’assurer qu’il respectait les normes de sécurité et environnementales. Elle a constaté des dommages sur la coque, l’hélice et le gouvernail, mais le Ruby a été jugé « apte à la navigation ». Néanmoins, par sécurité, elle a exigé qu’un remorqueur, un petit bateau servant à guider et tirer les plus gros, suive le cargo jusqu’à la fin de son périple.
Ruby reprend le large en direction de la Lituanie. Mais une fois arrivé dans ce pays, le navire se voit refuser l’entrée dans le port de Klaipeda en raison de « sa cargaison », a expliqué le directeur général de l’autorité portuaire à la BBC.
• Le nitrate d’ammonium à l’origine du drame de Beyrouth en 2020
Interdit d’accoster, le capitaine du navire fait le choix de se diriger aux larges des côtes britanniques pour atteindre la Manche, avant de se diriger vers la Méditerranée pour rejoindre Malte. De quoi inquiéter nos voisins d’Outre-Manche. « Un bateau va exploser avec la force d’une bombe atomique », écrivait, tout en nuance, The Telegraph fin septembre.
« C’est une bombe flottante », estime pour sa part Paul Poulain, spécialiste dans la maîtrise des risques industriels, auprès de BFMTV. « C’est une menace pour la sécurité maritime et les populations côtières. Il va falloir envisager, selon moi, de transvaser, sur des petits bateaux, des petites quantités de nitrate d’ammonium pour minimiser le risque », poursuit-il.
Le risque d’une explosion inquiète car Ruby contient donc 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, un engrais utilisé dans l’agriculture, mais aussi une substance pour créer des explosifs. Le 4 août 2020, c’est ce même produit chimique qui était à l’origine de l’explosion d’un entrepôt du port de Beyrouth. Ce dernier contenait exactement 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, soit sept fois moins que le Ruby. Le drame avait tué 235 personnes et fait plus de 6 000 blessés.
• Les autorités françaises sont au « courant »
Cependant, pour que le cargo explose, il faudrait un élément déclencheur, « comme un artifice de détresse qui est déclenché, un début d’incendie, un emballement thermique d’une batterie de lithium ou encore d’un téléphone portable », explique un expert en pyrotechnique, Thierry Hernandez, auprès de LCI.
Le porte-parole de la préfecture maritime de la Manche assure, de son côté, à nos confrères de BFMTV, que l’État français est au « courant » et que le bateau est « suivi ». « Nous avons des liens directs avec les autorités britanniques et avec l’armateur qui nous permettraient d’intervenir le cas échéant de façon extrêmement rapide », appuie Étienne Baggio, soutenant que le cargo ne devrait pas faire escale en France.
La dernière destination de Ruby est normalement Malte, mais TF1 indique que les autorités locales ont déjà précisé « qu’il ne serait pas autorisé à accoster tant qu’il transportera du nitrate d’ammonium ». Le Ruby est donc désormais un navire sans port d’attache.
À voir également sur Le HuffPost :