Carburants : des stations-service à sec pour la première fois depuis le début des grèves

Une station-service TotalÉnergies à Marseille, le 20 mars.
Une station-service TotalÉnergies à Marseille, le 20 mars.

CARBURANTS - Sur fond de grève des expéditions dans les raffineries contre la réforme des retraites, de nombreuses stations-service étaient affectées ce lundi 20 mars dans le sud-est de la France par des pénuries de carburants, tandis que la situation restait stable dans le reste du pays.

À 10 h 30, environ 8 % des stations-service en France étaient à court d’essence ou de gazole. Dans plusieurs départements, certaines stations étaient même à sec. Une situation préoccupante, imputée par un syndicat professionnel à un effet de « panique », lié aux déclarations de leaders syndicaux appelant à faire le plein.

Dans les Bouches-du-Rhône, 50 % des stations-service étaient affectées, et 37 % étaient à sec, selon des données publiques analysées par l’AFP. D’autres départements étaient affectés avec au moins un carburant manquant : le Gard (40,9 % des stations touchées), le Vaucluse (33,33 %), le Var (23,24 %) et les Alpes-de-Haute-Provence (22,22 %).

Autre foyer d’« emballement » des pénuries, la Loire-Atlantique (29,05 % des stations touchées), où la raffinerie de Donges, à l’arrêt pour des problèmes techniques, a cessé ses expéditions de carburants depuis de nombreux jours. L’arrêt de la plus grande raffinerie de France, en Normandie (TotalÉnergies), et celui éventuel de deux autres raffineries en Normandie et près de Marseille, pourraient accentuer la pénurie.

Au niveau national, la situation n’est « pas dramatique », assure Francis Pousse, président du syndicat professionnel Mobilians qui représente 5 800 stations sur près de 10 000 en France, et note que le phénomène est « essentiellement concentré dans la région Paca ».

La préfecture du Vaucluse limite les ventes dans le département

« Pour l’instant », il s’agirait selon lui d’un épiphénomène, « sauf bien entendu la région Paca. Des remontées que j’ai de chacun de mes représentants de région, il n’y a pas de panique », a-t-il ajouté, soulignant ainsi une différence avec le conflit engagé à l’automne par les raffineries pour les salaires. « Du produit on en a, on en a dans les dépôts », assure Francis Pousse, même si « tant que vous avez cet effet d’emballement », les stations sont « plus dures à réapprovisionner ».

La France compte 200 dépôts pétroliers et les pétroliers ont anticipé pour éviter la pénurie géante d’octobre, causée par un conflit sur les salaires chez TotalÉnergies et Esso.

Autre facteur pouvant expliquer ce bond des stations touchées par rapport à la fin de la semaine dernière, « on récolte ce matin l’absence de quasiment deux journées de livraisons, puisque dimanche il n’y en a pas, samedi, quand il y en a, ce n’est que le matin », rappelle Francis Pousse.

Afin de juguler les achats de précaution, la préfecture du Vaucluse a décidé ce lundi de limiter les ventes de carburants dans les stations-service du département, jusqu’à jeudi inclus. Elle espère éviter ainsi ces scènes observées à Marseille, où dans une station-service manquant de certains carburants, un camion de ravitaillement est arrivé sous escorte policière.

« Sur l’ensemble du département du Vaucluse, la vente et l’achat de carburants (essence, gazole, éthanol, GPL) sont limités à 30 litres pour les véhicules d’un poids inférieur à 3,5 tonnes et à 120 litres pour les véhicules d’un poids supérieur à 3,5 tonnes », a ainsi précisé la préfecture dans un communiqué. « La vente et l’achat de carburants (essence, gazole, éthanol, GPL) dans des récipients manuellement transportables sont interdits (notamment jerricans et bidons) sur l’ensemble du département de Vaucluse », a-t-elle ajouté.

Le gouvernement « n’hésitera pas » à réquisitionner

Par ailleurs, le gouvernement « n’hésitera pas » à procéder à des réquisitions si des raffineries sont arrêtées par le personnel en grève, a prévenu ce lundi le ministre des Transports Clément Beaune.

« C’est une décision de dernier recours, mais comme nous l’avons fait précédemment, comme nous l’avons fait au mois d’octobre, si cela était nécessaire, nous n’hésiterions pas à le faire pour éviter un blocage économique et de la circulation dans notre pays », a prévenu le ministre sur Franceinfo, évoquant des « mesures ponctuelles, raffinerie par raffinerie ».

Dans l’immédiat, le gouvernement « prend des mesures d’anticipation » avec des stocks stratégiques « au plus haut niveau », a indiqué Clément Beaune, précisant qu’« à l’heure où nous parlons, on n’en est pas aux réquisitions ». Selon lui, les stocks stratégiques sont à « un haut niveau » et permettent « d’approvisionner les pompes à essence ».

Pour éviter de revivre la situation d’octobre, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a lui appelé les automobilistes à la mesure. « J’appelle chacun à la responsabilité : pas de stockage et pas de réserve », a-t-il demandé sur BFMTV. « Nous prendrons nos responsabilités si les choses devaient continuer à être bloquées », a-t-il promis.

« Il y a des tensions sur les approvisionnements et si ça continue à se bloquer, il y aura des tensions à la pompe en fin de semaine », a prévenu de son côté sur RMC Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc.

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